J'ai souvent entendu parler de 8 Femmes comme une référence qu'il fallait absolument que je découvre un jour. Ca tombe bien car j'aime en général beaucoup le cinéma de François Ozon.
Tout était réuni pour que j'adore 8 Femmes, le casting, la réalisation, le scénario et l'ambiance générale. Sauf que je pense que ce que j'aime chez Ozon c'est justement quand il me surprend, et ici ma seule surprise aura été de découvrir que le film était en partie chanté. Malheureusement les intermèdes musicaux hormis ceux de Firmine Richard et Danielle Darieux sont d'un ennui incommensurable et trop factices. Pour autant le film est très loin d'être mauvais, il est même très bon dans son genre. Je pense pourtant, et cela n'engage que moi, qu'il n'est pas vraiment représentatif de ce que François Ozon fait de mieux, bien qu'il s'agisse sûrement de son oeuvre la plus connue.
Si la direction des actrices est formidable, dès lors que l'on s'habitue à la dimension très théâtrale de leurs jeux, les partis pris artistiques quant à eux sont aussi logiques que frustrants. Faire baigner une histoire d'homicide dans un décor aussi mièvre et surannée est tout à fait approprié pour créer une rupture de ton, mais encore faut-il jouer la carte jusqu'au bout. Car dans l'ensemble le film est très sage, il ne s'autorise pas beaucoup de folies et l'humour est bien trop peu présent. Le film aurait tellement gagner à jouer la carte du burlesque en plus du kitch. A mon humble avis en tout cas. Néanmoins il est difficile de ne pas saluer la justesse et l'efficacité de l'écriture qui nous embarquent dans une véritable partie de Cluedo, dont le dénouement si évident demeure tout à fait imprévisible tout au long du métrage.
Quant aux actrices, Ozon sait tirer le meilleur de chacune d'elle. Catherine Deneuve est gracieuse, Isabelle Huppert est géniale dans la névrose, Danielle Darieux fait merveille et Fanny Ardant s'amuse à jouer la femme fatale. Dans une seconde mesure, Emmanuelle Béart est plus en retenu et ne campe pas le rôle le plus intéressant, idem pour Firmine Richard qui nous régale de sa sympathie naturelle dans un rôle qui manque en revanche d'épaisseur. Je dois avouer par contre que je suis moins fan de Virginie Ledoyen qui en fait des caisses et c'est sûrement ce qu'on lui demande, mais cela ne me séduit pas. Idem pour Ludivine Sagnier, néanmoins on mettra cela sur le compte de la jeunesse ...
Ozon filme des femmes, qui plus est présumées coupables. Il filme aussi des âmes, des personnages hauts en couleurs embarqué dans la folie d'un meurtre. Huit fleurs angéliques et vénéneuses.