8 fois debout
5.8
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Film de Xabi Molia (2010)

avril 2010:

Petite chronique très délicate et filmée avec beaucoup de tendresse et de naturel. La direction d'acteurs est en ce sens remarquable : pas une seule fausse note. Les comédiens jouent avec une simplicité réjouissante, reposante, sans en rajouter dans l'émotion.

Cette mise en scène d'une grande pureté -n'ayons pas peur des mots- donne au récit une très grande force, celle d'un ultra-réalisme, sans pathos, sans jugement de valeur, sans excès en tout genre, de violence, de discours, etc.

La scène de la plage est à ce titre une belle illustration. Le gamin dit à sa mère qu'elle est nulle. Elle lance le ballon trop loin à son goût de la berge. Irritée par ces mots qui prennent chez elle une résonance plus générale et bien plus cruelle, elle l'envoie de plus en plus loin. L'enfant est au bord de l'épuisement ce qui oblige la mère à secourir son enfant. Tout est dit. Tout le film est là. Les effusions de tendresse et de soulagement qui suivent sont alors filmées avec délicatesse et simplicité, sans parole, sans larme, ni les excès habituels. En quelques plans nets et sans bavure, Molia a résumé la problématique de son film. Or le film fourmille de scènes aussi concises, directes et en même temps d'une très grande délicatesse.

Les rapports entre Julie Gayet et Podalydès sont tout aussi justes et délicats. Entre la découverte et le lent développement d'une idylle, le film aménage de nombreux temps, comme sait le faire la vie.

La mise en scène et le scénario de Xabi Molia sont très proches des personnages. De nombreux gros plans s'attardent sur les regards, fuyants, perdus, inquisiteurs, sur des mains crispées, des doigts qui tapotent anxieusement. Là encore, sans esbroufe, la caméra est souvent à proximité et reste le plus immobile possible, attentive, elle se laisse oublier. Ce sont les personnages qui sont au centre de l'attention.

Les comédiens sont extraordinaires. Julie Gayet est stupéfiante. Elle tient le film sur ses épaules avec une très impressionnante assurance. Denis Podalydès est également maître d'un personnage doux, patient. Très sobres, tous les comédiens m'ont été agréables. Cela fait tellement de bien de voir de bons acteurs nous livrer de telles performances. Simples, efficaces.

Un film sensible, épuré, dont la poésie ancrée dans le réel est allée droit au coeur en ce qui me concerne. A voir.
Alligator
7
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le 6 avr. 2013

Critique lue 380 fois

2 j'aime

Alligator

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