La vie sauvage du mannequin Uschi Obermaier commence quand elle décide de quitter le domicile de ses parents à Munich pour partir lever le pouce sur les routes avec une copine. Elle sont prises en stop par une camionnette Volkswagen qui se trouve être celle du groupe de musique hippie Amon Düül. Leur destination ? La légendaire Kommune 1 à Berlin. On est en septembre 1968.
Uschi est avide de liberté, d'expériences nouvelles. La Kommune 1 militante mais bordélique lui correspond bien. Elle va s'enticher de Rainer Langhans, un des membres de la communauté qui s'enivre de ses propres discours pseudo-philosophiques sans queue ni tête. Mais Uschi Obermaier est belle, très belle, et le militantisme lui passe complètement au-dessus. L'un critique le fait qu'elle ait « la conscience politique d'une amibe » et une autre s'énerve qu'elle se maquille et devienne rapidement un sex-symbol dans les médias alors que le but affiché de la communauté est de renverser les structures patriarcales. Par sa seule présence, sa bonhomie naïve et ses désirs simples dénués de calculs, Uschi servira à révéler les contradictions des uns et des autres. Elle est montrée dans le film comme une femme fatale à l'insu de son plein gré, une femme dont la beauté rend les hommes dingues et les femmes jalouses. Alors que le mannequin fera un bout de route avec les Rolling Stones, même Mick Jagger et Keith Richards se la disputeront. L'actrice germano-polonaise Natalia Avelon est en tous cas physiquement le portrait craché d'Uschi Obermaier.
Il faut dire aussi que le film est basé sur l'autobiographie d'Uschi Obermaier écrite en collaboration avec Olaf Kraemer : High Times, mein wildes Leben. Y a-t-il des biais ? Sûrement ! Le vrai Rainer Langhans, dont le personnage joué par Matthias Schweighöfer n'est pas très flatteur, a indiqué que le film était « très loin de la réalité » mais qu'il « était très bien », qu'il avait « eu peur que ce soit bien pire ».
La deuxième partie du film narre la rencontre d'Uschi avec Dieter Bockhorn, un proxénète de Sankt-Pauli à Hambourg, mais également bourlingueur émérite. Un homme au départ brutal et macho, mais qu'Uschi saura également mettre dans sa poche. Ensemble, il feront la hippie trail (en gros la route de la soie) vers l'Inde où ils feront un mariage traditionnel, avant de continuer leur route vers le Mexique...
Cette histoire vraie est magnifié par une réalisation impeccable, un fictionalisation taillée pour plaire, à grand renfort de nudité et de certains stéréotypes (était-ce possible de faire autrement vu le sujet ?) qui heureusement ne deviennent pas trop gênants. Et puis le film sait avancer : quand une tranche de récit devient ennuyeuse, on passe assez vite à la prochaine. La Kommune 1, les Rolling Stones, le voyage autour du monde avec Bockhorn, il y a de la matière.
Du très bon divertissement qui vaut bien mieux que sa bande-annonce. Qui, si l'on sait surmonter l'affichage de clichés inévitables, raconte une histoire troublante, une ode au voyage et à l'émancipation d'une femme qui ne veut avoir de compte à rendre à personne. Le tout servi par une très bonne bande-son (ah! Summer Wine de Nancy Sinatra...). Peu de films allemands possède cette maîtrise scénaristique et ce potentiel divertissant.