Excès de vie.
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Jonah Hill, connu grâce sa carrière d’acteur assez prolifique allant de SuperGrave au Loup de Wall Street et bien d’autres, nous dévoile son premier long métrage, dénommé 90’s. L’éloge émouvante de l’époque révolue des années 90 qui suit le parcours chaotique d’une petite bande de skateurs des pauvres pavillons américains.
90’s n’est pas seulement un film sur le skate ou sur une jeunesse désœuvrée de la middle class américaine comme cela a déjà été fait auparavant. Au regard du film de Jonah Hill, il est parfois difficile de ne pas y déceler certaines influences : celle de Gus Van Sant face à cette poésie adolescente (Paranoid Park), ou celle de Larry Clark et Harmony Korine avec cette bande de skateurs (Wassup Rockers) et le naturalisme âpre et violent de la réalisation qui scrute ce récit initiatique juvénile (Kids). Cette petite bande de skateurs voit arriver le jeune Stevie : un gamin vivant avec sa mère célibataire et son grand frère violent et criblé de doutes. En suivant les yeux de ce jeune Stevie, 90’s s’émerveille à propos d’une époque chère à toute une génération.
Jonah Hill aurait pu ressusciter des poncifs inhérents au genre, s’accommoder des codes ou s’empêtrer dans un registre déjà visité et revisité. Sans être la bouffée d’air frais qu’était American Honey d’Andrea Arnold, et malgré le manque d’originalité de son récit, le cinéaste s’en sort haut la main : au delà de cette authentique chronique adolescente qui s’émeut de moments de vie qui forgent de jeunes garçons aux destins bringuebalants, Jonah Hill a surtout le mérite d’y mettre du cœur, le souffle des souvenirs, l’âme grinçante de l’adolescence et de gratifier son œuvre d’une bienveillance assez attendrissante. On sent chez le réalisateur un amour non seulement pour ses personnages en décalage avec la société mais aussi un respect inébranlable pour l’esthétique et la liberté d’une époque dans laquelle il a vécu lui même : les années 90. Avec une playlist fédératrice et populaire, une bande son signée par le duo Trent Reznor et Atticus Ross, un grain d’image vintage, son sens portraitiste du cadre, une direction artistique qui sent bon les playground des 90’s, le grincements des skates, le long métrage de Jonah Hill met les petits plats dans les grands et arrive à mettre ses personnages au coeur du récit. Un récit qui transpire la transmission entre amis, avec ses rites de passage et son envie de se construire soi même, la vie en communauté et se faire respecter, ses premières cigarettes et sa découverte du corps, dans une époque où internet et le wifi ne faisaient pas partie de notre quotidien. Une époque où les petits secrets entre filles et garçons se colportaient dans les fêtes et non sur snapchat. Ce portrait adolescent authentique ne vire pourtant jamais à l’idolâtrie : cette violence du quotidien, cette misère d’une cellule familiale absente, et cette fratrie où chacun essaye tout de même de s’y extirper.
La douceur du regard de Jonah Hill se contrebalance aisément avec les turpitudes de ces adolescents. Au contraire d’une série comme Stranger Things qui ne cesse de fétichiser les 80’s en faisant du « name dropping » à outrance et en nous balançant à la gueule toutes leurs références enfantines, 90’s s’avère plus malin dans sa retranscription d’époque : au lieu de la recréer de manière mimétique, de la fantasmer de manière pompeuse, il a fait renaitre cette époque de ses cendres. C’est tout à l’honneur de ce petit bijou de cinéma.
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Créée
le 3 mai 2019
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