Superficiellement subversif.
Difficile de prendre du recul sur ce film. Je suis une admiratrice de Dupontel, j'aime son sarcasme, son humour noir, et décalé, sa franchise. Mais là, je suis un peu déçue. J'ai l'impression d'un manque d'honnêteté dans son désir de subversion, car à mon avis on ne fait pas un film ou un criminel enfante une juge sans que cela soit dans une visée subversive.
D'abord je trouve la critique facile et peu profonde finalement. Certes en France la justice a ses travers, ses corruptions, je n'en doute pas, mais le fait de mettre tous ces gens dans le même panier, magistrats et policiers ne créditent pas, à mon sens, le propos. En effet le personnage incarné par Dupontel va à plusieurs reprises insinué que tous les flics sont cons. Finalement je trouve ça très politiquement correct et pas très poussé dans la manière de faire.Il ne dénonce rien en soi.
Le sujet est effectivement très intéressant, et le pitch très drôle a priori. Une juge (joliment interprétée par Sandrine Kiberlain) se bourre la gueule un jour de l'an, rencontre Bob (Dupontel) dans la rue et se le tape. 6 mois plus tard elle découvre qu'elle est enceinte, et après quelques recherches, elle apprend que le père est Bob. Un homme accusé de globophagie (Il mange des yeux), les médias se défoulent, même les anglais s'y mettent en ironisant sur les coutumes alimentaire françaises. Evidemment cela donne lieu à quelques scènes cocasses mais rien de transcendant dans le traitement, si ce n'est un caméo de Jean Dujardin, plutôt très drôle d'ailleurs. Bob n'est évidemment pas coupable de ce meurtre qui a eu lieu ... le 1/01 aux alentours d'1h du matin. Les connexions se font ... trop tard à mon goût. Car oui, le 1/01 est le fameux soir de l'enfantement entre ces 2 personnages. Mais après avoir étudié le dossier en long en large, la juge ne s'en aperçoit qu'après, grâce à une feuille qu'elle trouve par hasard. On pourrait dire qu'elle renie cette date car peu fier de ce qui s'est passé, mais quand même, ce n'est pas anodin. C'est la date du crime, un jour de l'an, je trouve que cela décrédibilise encore le scénario.
Bon il y a quand même quelque chose que j'aime dans ce film, c'est la manière d'inverser le manichéisme habituel, même si cela n'est pas fait très subtilement à mes yeux. En effet le criminel, Bob, est gentil, touchant dans son ignorance, et surtout il est plus humain que les représentants de la justice. Ces derniers sont tous des déséquilibrés mentaux et affectifs, qui comme cela est bien dit au début du film, sont emprisonnés, murés à l'intérieur du palais de justice. La juge interprété par Kiberlain détonne par rapport aux autres "justiciers", elle est consciente de sa condition, et de la difficulté de mettre des gens en prison quand on y est soi-même. Elle est consciente aussi de son déséquilibre émotionnel et s'en sort bien ainsi. La rencontre entre ces 2 personnages complètement opposé ne pouvait être que réussi.
Mais Dupontel sait faire oublier son manque d'ambition scénaristique grâce à quelques jolies répliques dont il a le secret comme "La famille est une tragédie écrite par les enfants et joué par les parents." ou encore "Parfois pour aller à l'encontre des autres, il faut faire comme les autres". Peut-être que cette dernière réplique définit son film, car pour moi il a fait comme les autres, un film superficiellement subversif, mais quelque part il parvient tout de même à aller à leur encontre pas tant grâce au film en lui même mais plus du fait de sa personnalité et de ses oeuvres précédentes dont je garderais un meilleur souvenir que celle-ci.