Ennui ferme
Désolé, Albert, mais quand tu fais des films, on a tendance à être impitoyable avec toi ; pour une raison très simple, c’est que tu as du talent et des idées. Un pitch comme le tien, une bande...
le 23 oct. 2013
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Son précédent film, Le Vilain, avait déjà annoncé que Dupontel avait pris un tournant plus grand public par rapport à ses premières œuvres, ici, on en a une confirmation nettement plus explicite. Certes l’humour noir, avec quelques petites bonnes pointes de gore, est toujours présent, on a toujours plus que jamais affaire à une galerie de personnages qui semblent tout droit sortis d’un asile, mais le nihilisme des débuts a disparu. On a des personnages plus humains, tarés mais humains, pour lesquels on ressent un véritable attachement émotionnel.
Donc non, ce virage plus grand public n'amoindrit en rien le talent de l’artiste. Son style, où se côtoient la maîtrise technique impeccable et un sens du gag visuel qui ne peut jamais être pris en défaut d’imagination (rien que ce qui défile sur les bandeaux lors des flashs info sont des dangers pour les zygomatiques et je ne parle même pas des diverses versions de l’agression !), reste reconnaissable de bout en bout ; en fait, il a juste évolué.
Mais l’éclair de génie de Dupontel ici est d’avoir choisi Sandrine Kimberlain pour jouer le rôle principal. C’était bien la dernière actrice, vu l’image de sérieux que l’on a (avait !) tendance à lui coller, que l’on s’attendrait à voir à l’aise dans la peau d’une de ses dégénérées qui peuplent l’univers du Monsieur et pourtant en dépit de, ou peut-être grâce en partie à cela (après tout, elle joue une juge coincée qui va être amenée à se décoincer d'une manière extrême !), elle s’intègre à merveille. Elle se révèle une actrice de comédie accomplie, comme si elle avait fait cela toute sa vie. Pour le coup, le César qu’elle a remporté est entièrement mérité.
Bon, il y a quand même un autre éclair de génie, moins étonnant (mais on s’en fout !), car il s’agit d’un des fidèles parmi les plus fidèles de l’acteur-réalisateur-scénariste, c’est d’avoir confié le rôle de l’avocat aussi incompétent que bégayeur, celui que l’on rêverait de ne surtout pas avoir, à l’excellent Nicolas Marié. Cet acteur est une tuerie pour les côtes et l’estomac. Il faudrait m’expliquer pourquoi il n’a même pas eu une petite nomination à un César. Il est fabuleux ce mec.
Le reste de la distribution est brillant aussi. Dupontel lui-même prouve à nouveau que les rôles de loser marginaux pas très futes-futes (même si ici nettement plus bienveillant que les précédents, virage humain oblige !) n’ont aucun secret pour lui.
Pour tout dire, c’est le film d’Albert Dupontel devant lequel j’ai pris le plus mon pied. Des comédies comme celles-là dans le cinéma français, j’aimerais en voir plus souvent.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films d'Albert Dupontel (réalisateur) et Les meilleurs films avec Jean Dujardin
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le 1 mars 2014
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