9 semaines 1/2 est l'un des films qui illustrent certainement le mieux la définition de "relation passionnelle". Destructrice, libre, douloureuse et à la fois follement sensuelle et heureuse, la relation qui lie John et Elizabeth est d'un érotisme pétillant.
Ces deux amants, qui s'aimeront et se quitteront tout aussi rapidement, sont dans un autre monde. John, qui fait découvrir une nouvelle sexualité à Elizabeth, semble atteint d'une maladie de contrôle et d'hypersexualité aiguë. Je peux comprendre l'aspect "c'est un film sexiste", mais je pense que ce jugement est émis par des personnes qui n'analysent pas réellement quels personnages ont leur dépeint. John est riche, passionnés, et surtout control freak. Autant dire que oui, il offre des cadeaux et, oui, il ordonne à Elizabeth de faire des choses pour lui. Mais depuis quand cela en fait-il un film réellement sexiste ? Après tout, n'est-ce pas à cause de ça que John se retrouve seul à la fin ? Lizzie, elle, découvre son corps, ses désirs et ses sens au fil des scènes d'amour qui tapissent le film : par le toucher, d'abord avec la scène du glaçon les yeux bandés, puis le goût, avec cette scène érotique au possible devant le frigo, et enfin la vue et l'ouïe par ce strip-tease digne d'un Showgirl, en bien plus passionné.
La mise en scène, la photographie et la bande sonore additionnés à un esthétisme pointilleux offrent à eux trois des ambiances et des séquences frivoles complètement uniques dans le cinéma, une sensualité qu'on ne retrouve que peu aujourd'hui. Des scènes où se côtoient sensualité et une forme de "saleté" naturelle (la scène dans les escaliers sales et pluvieux, celle devant le frigo avec la nourriture qui dégouline sur les corps...).
Fort, dérangeant, éreintant, ce film n'offre pas qu'un tableau de la sexualité brute et maladroite comme la plupart des films "érotiques" le font (surtout en France, où le vulgaire débarque aussi rapidement que l'érotisme). On y trouve de la sensibilité, de l'émotion, qui font passer les extrêmes pour de la douceur et de la sincérité, les personnages étant tour à tour émerveillés, tristes, fous.
Une relation réussie pour un film réussi.