Le dernier-né de Disney figurait parmi les 10 films que je considérais comme étant les plus prometteurs de l'année. Tomorrowland, traduit de manière assez maladroite en français pour donner A la poursuite de demain, ne semble pas déchaîner les passions, mais n'est pas non plus décrié par le public. L'ayant cité parmi les plus grosses attentes de l'année, il me fallait donc en avoir le cœur net et me faire ma propre idée de ce dernier blockbuster tout public.


Pour passer brièvement sur le synopsis, l'histoire se déroule à deux époques (trois si l'on compte la séquence sur la jeunesse de Frank) : l'époque actuelle, et un futur plus ou moins proche, les deux évoluant parallèlement. Casey met tout en œuvre pour éviter le démantèlement d'une rampe de lancement de fusées à Cap Canaveral, où travaille son père, menacé de perdre son travail. Elle est un jour arrêtée et, lors de sa libération, elle découvre qu'un objet a été ajouté à ses affaires. Lorsqu'elle le touche, elle est brusquement transportée dans un monde totalement différent, qui s'avère être une sorte de vision du futur, créée par des esprits brillants du passé.


Le but est donc de comprendre les raisons de l'existence de ce monde parallèle, sa nature, et sa possible influence sur le monde "réel". A la poursuite de demain s'affiche comme un blockbuster familial très classique, en n'hésitant pas à utiliser des composantes très simples et déjà vues à maintes reprises, comme la jeune héroïne destinée à sauver le monde sans qu'elle n'ait rien demandé, le mentor aigri et reclus parti se terrer loin de tout le monde, l'antagoniste froid, persuadé d'agir pour le bien de tous, etc. Vu comme ça, on est en droit de ne pas en demander de trop, et de craindre d'être déçu, ce qui est normal. Toutefois, A la poursuite de demain est quand même parvenu à me faire plaisir, voire à me surprendre.


Sans être renversant ni phénoménal, le film parvient à proposer une intrigue assez intéressante, et le message transmis passe facilement, n'en déplaise aux pessimistes avares de lueurs d'espoir. Le meilleur moyen d'apprécier A la poursuite de demain est de le regarder avec des yeux d'enfant. C'est comme un parc d'attractions (ça tombe bien, c'est le nom d'un parc à thèmes Disney) dans lequel on s'embarque sans autre envie que de se procurer des sensations. Ici c'est pareil. On a beau dire que "dire qu'un film doit être considéré comme un divertissement ne doit pas excuser ses nombreux défauts", il faut vraiment le voir comme tel, c'est un Disney, pas du Lynch. Et pour peu que l'on insiste dans une démarche critique en tentant de le piéger, fort est de constater qu'en dépit de son apparence très conventionnelle, A la poursuite de demain est loin d'être stupide et plat.


Tout d'abord, il propose une opposition intelligente entre utopie et dystopie, dévoilant dans un premier temps cette immense cité futuriste, entourée de gigantesques champs de blé, réchauffant l'atmosphère grâce à des teintes chaudes, créant une sensation de bien-être et de sécurité dans ce monde lointain et impalpable. Tout y paraît paisible, les gens sont heureux, la saleté est absente, en somme, l'image de ce futur potentiel est agréable et réconfortante. Mais une autre image de ce futur est rapidement proposée, plus sombre, dénuée de toute cette joie enveloppante, un futur plus réaliste, bien que moins engageant. L'idée est donc ici de montrer la différence entre un avenir imaginé par des esprits idéalistes et enthousiastes, et un futur délaissé par cet optimisme, image d'un monde terne qui nous attend si l'on ne ranime pas la flamme assez rapidement.


Ainsi, avec A la poursuite de demain, Brad Bird choisit de proposer une intrigue où présent et futur évoluent simultanément. Cependant, là où, généralement, le présent influe sur le futur et non l'inverse, les deux s'influencent ici mutuellement.


Pour en revenir à l'un des derniers éléments importants de l'histoire, on découvre donc que le présent est influencé par une sorte d'immense machine située en haut d'une tour dans Tomorrowland. Celle-ci prédit l'imminence de la fin du monde, basée sur l'inertie et le pessimisme généralisé parmi les gens du présent.


Cela est logique, car c'est bien sur l'optimisme qu'a été créée Tomorrowland, donc si l'optimisme s'efface, l'utopie futuriste affichée au début du film ne peut exister dans un futur proche. En choisissant cet angle d'attaque, Brad Bird propose une critique des médias et de la sphère politique. Les premiers sont jugés trop pessimistes, s'évertuant à relayer des informations parlant de catastrophes et de mort, transmettant des ondes négatives à la population, quand les seconds sont critiqués pour leur inertie face à la situation. Ainsi, le film se base sur la maxime "la fortune sourit aux audacieux" en insistant sur le fait qu'un avenir sain, voire un avenir tout court, ne peuvent être bâtis que par des esprits enthousiastes, courageux, persévérants et optimistes. Cette image de monde impalpable s'efface donc, ne devenant plus qu'un exutoire pour les esprits lumineux et optimistes pour s'exprimer et bâtir un monde meilleur, comme une sorte d'immense allégorie.


En définitive, A la poursuite de demain reste un blockbuster familial des plus classiques, très conventionnel, plein d'effets spéciaux, bref, il ne s'agit pas probablement du film le plus marquant de l'année. Cependant, il reste modeste et ne se perd pas dans son ambition, laquelle reste relativement simple mais justifiée compte tenu du contenu du film, et du fait qu'il s'agit d'une production Disney. C'est le genre de film qui se regarde de manière décontractée, sans grandes surprises, mais qui parvient tout de même à exploiter quelques bonnes idées. A la poursuite de demain permet de nous faire retrouver notre âme d'enfant, pleine de rêves, grâce à son rythme, son ambiance, et sa bande originale que j'ai également trouvée très bonne, me rappelant certains bons films d'aventure des années 80. Une touche d'optimisme que l'on accueille avec grand plaisir à l'heure où BFMTV & Co s'évertuent à nous saper le moral.


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JKDZ29

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