Le site est de retour en ligne. Cependant, nous effectuons encore des tests et il est possible que le site soit instable durant les prochaines heures. 🙏

Le 9 mai 2017, vers 23 heures, le nombre de membres ayant noté Alien Covenant passe de 58 à 162 en moins de 20 minutes. La note globale passe quant à elle de 6,5 à 5,8. C’est-à-dire qu’à la sortie des différentes avant-premières du film (big up à la séance de 19h45 de l’UGC Lille), plus d’une centaine de critiques en herbe se sont jetés sur leur ordinateur pour donner leur avis. Cette effervescence naissante est assez révélatrice de l’attente générée par ce nouvel opus. On veut tous être les premiers à répondre à la question fatale, leitmotiv de toute conversation entre passionnés de science-fiction ces six derniers mois : préquelle à Alien ou suite à Prometheus ?


La réponse, vous la connaissez probablement déjà, étant donné que c’est ce autour de quoi s’articulent la quasi-intégralité des critiques écrites jusqu’ici. Yep, malgré une première partie extrêmement fidèle à la structure classique de la saga (équipage + vaisseau + signal perdu + planète mystérieuse), le scénario bifurque très vite vers la séquelle, au point qu’il doit être difficile de suivre sans avoir en tête les aventures d’Elizabeth Shaw. Il faut tout de même souligner la force de volonté de papy Scott, qui affronte avec courage la véhémence des détracteurs de Prometheus - Dieu sait qu’ils sont nombreux – et les exigences d’un studio qui préférerait produire une origin story basique, afin de persister dans cette nouvelle orientation de la saga. Le cinéaste semble conscient qu’il ne parviendra jamais à re-traumatiser son public, désormais habitué au bestiaire de Giger. Il s’en amuse d’ailleurs à de nombreuses reprises, teintant par exemple d’ironie une scène archi-classique qui aurait sûrement peiné à créer la surprise dans une salle obscure déjà convaincue par Le huitième passager.


De fait, malheureusement, les scènes de flippe apparaissent comme presque bâclées. On est très loin des morceaux d’angoisse interminables qui faisaient et font toujours l’attrait des quatre films originaux. La plupart de ces tentatives infructueuses auraient vraiment gagné à être plus étoffées. Sur ce point, le long-métrage laisse un goût amer en bouche, comme si la somptueuse BO de Jed Kurzel et ses nuances d’influences ainsi que la photo froide et clinique de Dariusz Wolski étaient sacrifiées sur l’autel des lubies d’un réalisateur incapable d’instaurer la terreur. Le xénomorphe n’en demeure pas moins magnifique et Scott sait toujours comment ménager ses apparitions. Dommage alors que le climax dont il est l’acteur principal sonne aussi creux. En effet, le troisième acte tombe complètement à plat, la faute à une série de twists ultra-prévisibles et à un crescendo d’action assez timide et plutôt maladroit. Encore une fois, on se surprend à soupçonner Scott d’avoir saboté sa conclusion et son cliffhanger, une fois les idées qui lui sont chères complètement exposées.


Et c’est ça qui fait la richesse d’Alien Covenant. La genèse promise est finalement beaucoup moins scénaristique que thématique. On retrouve tout ce qui faisait le sel et la singularité du huitième passager. Les thèmes de la création génétique parfaite (également au cœur de Prometheus), du synthétique imitateur de vie ou de la fascination morbide pour la perfection sont approfondis et des thèses fortes voient le jour, le tout dans une atmosphère hautement sexuelle de circonstance, qui donnera probablement lieu à des parodies savoureuses.


Ce face-à-face entre deux androïdes que tout sépare est tout simplement passionnant et permet paradoxalement de réfléchir sur l’Homme et sa soif de création. Oui, c’est bien l’Homme qui a, indirectement, conçu le monstre parfait. Une perfection qui pourrait causer sa perte, de la même manière que sa propre conception de la perfection (l’androïde) a causé la perte des ingénieurs. Voilà pourquoi ils voulaient nous détruire. Ils avaient anticipé un tel retournement de situation. Nous sommes les androïdes de ces ingénieurs. L’Homme est donc bien parfait comme il le prétend, mais uniquement aux yeux de ceux qui l’ont conçu. Logiquement, le xénomorphe est parfait aux yeux des synthétiques et c’est pour cela qu’il constitue une menace à notre espèce.


Vous l’avez compris si vous avez affronté la spoiler zone, l’Alienophile qui se cache derrière ce texte pourrait disserter pendant des pages sur la richesse philosophique d’une ambitieuse péloche de SF pourtant bardée de défauts. Alors bien sûr, les nombreux et légitimes déçus par Prometheus ne seront probablement pas satisfaits par ce qui est avant tout le prolongement d’un prequel déjà très polémique. Cependant, il est difficile de nier l’effort de renouveau qui anime ces Alien new generation.


Mais il y a quand même une chose qui réconcilie les défenseurs et les détracteurs de la nouvelle saga : Alien VS Predator n’a pas sa place dans cette nouvelle time-line.

rska
7
Écrit par

Créée

le 10 mai 2017

Critique lue 338 fois

3 j'aime

rska

Écrit par

Critique lue 338 fois

3

D'autres avis sur Alien: Covenant

Alien: Covenant
Sergent_Pepper
5

Asperge le mytho

Le dédale nous égare : Ridley Scott, en retournant à ses premiers amours, ne nous en facilite pas nécessairement l’accès : retour du monstre, suite de son prequel, quête des origines, récit fondateur...

le 12 mai 2017

119 j'aime

27

Alien: Covenant
MatthieuS
5

Un projet qui aurait mieux fait d’être tué dans l’œuf

Alien Covenant est donc la continuité de Prometheus, film réalisé et produit par Ridley Scott en 2012. Cette suite, du nom d’Alien Covenant, est le dessin d’un projet. Ce projet est de rendre cette...

le 11 mai 2017

91 j'aime

35

Alien: Covenant
Behind_the_Mask
7

Mother fucker ?

Dis-moi, cher abonné, te souviens-tu ce que tu faisais en 2012, plus précisément le 30 mai ? Ah ah, j'étais sûr que tu allais dire ça. Allez, je te donne un indice pour te remettre en situation. Tu...

le 11 mai 2017

89 j'aime

22

Du même critique

Quelques minutes après minuit
rska
3

Better call Saule

"L'héritier de Spielberg": cette expression est bien en vogue en ce moment dans la presse cinéma, que ce soit à propos du Midnight Special de Jeff Nichols ou de ce A Monster Calls. Mais en a-t-on...

Par

le 9 janv. 2017

25 j'aime

17

Assassination Nation
rska
7

Women at war

Si Assassination Nation était un nouveau biopic historique sur une femme forte, torché sans effort par un mec qui veut se donner bonne conscience, je vous aurais ressorti en introduction le rappel...

Par

le 18 nov. 2018

17 j'aime

We
rska
8

Summer Wars

We a l'avantage de ne pas mentir sur son titre, ou plutôt sur son sous-titre (Une odyssée d'été en quatre parties). Il raconte l'été de 7 jeunes adultes déterminés à passer les deux meilleurs mois de...

Par

le 12 déc. 2018

10 j'aime

2