Le dix-septième film de Ridley Scott sonne comme un nouveau chef-d'œuvre, un film de gangsters puissant, sorte de Scarface à la sauce afro-américaine avec la douce montée au pouvoir d'un tranquille baron de la drogue confrontée à la chute intérieure de celui qui le traque dans un jeu du chat et de la souris situé en plein cœur de Harlem.
La souris, c'est Denzel Washington : comme d'habitude impérial, sans émotion, propre et terrifiant, l'acteur Oscarisé interprète ici un gangster discret qui va progressivement régner en véritable souverain. Le chat, c'est Russell Crowe, qui retrouve par ailleurs pour la troisième fois Ridley Scott : il campe un flic forcené aussi fort que faible, luttant contre les trafiquants de drogue, une police corrompue jusqu'à l'os et ses propres démons intérieur.
La rencontre entre ces deux monstres sacrés ne pouvait être que grandiose, grandement servie par une pléiade d'acteurs tous plus impressionnants les uns que les autres, du nouveau jeune talent Chiwetel Ejiofor à l'excellent Josh Brolin en passant par les trop rares Cuba Gooding Jr. et Joe Morton. Tout ce petit monde, cette palette de personnages tous aussi importants les uns que les autres s'entrechoque dans une histoire passionnante où règnent violence, trahisons, confiance et coups bas, ces derniers étant légion dans ce monde hypocrite, autant dans le milieu criminel que celui de la police.
Ridley Scott, bien inspiré par les œuvres-phare du genre tels que Les Affranchis ou encore Serpico, livre ici un cocktail magistral à travers une mise en scène à la fois nerveuse et élégante, à la lumière très naturelle donnant à l'image un grain d'antan. Et si cette épopée humaine peut paraitre longue (près de 2h30 de bobine), elle reste néanmoins hypnotisante, cette histoire vraie narrée du point de vue du gangster aimable et du flic intègre sonnant juste à chaque scène.
Ainsi, porté par une interprétation sans faille, une mise en scène dynamique et un traitement de faveur accordé à chaque personnage, American Gangster est la preuve que le touche-à-tout Ridley Scott n'a rien perdu de son immense talent et qu'il peut aisément passer de la comédie romantique au biopic nerveux sans faillir.