Anna
Anna

Film de Alberto Lattuada (1951)

All of my life, I've been searching for a girl.

Anna est un mélodrame pur jus, et les allergiques au genre, qui ne peuvent pas être totalement mauvais, feront bien de passer leur chemin. Ils ne seraient d’ailleurs pas aidés par l’extrême lenteur de la première demi-heure, ni par la musique pléonastique, pourtant de l’un des quatre plus grands compositeurs de musique de film italiens, et non aucun ne se prénomme Ennio.


Silvana Mangano est une jeune novice, infirmière, qui se retrouve par hasard à devoir soigner son ancien amant, l’occasion pour elle de se remémorer les événements qui l’ont conduite à enfiler la cornette. C’est donc assez long avant d’arriver à ce point, et seuls les plus déviants oseront se rattacher à quelques rêveries érotiques peuplées de Silvana dans sa période appétissante déguisée en enfant de Marie.


Puis un autre film démarre, très exactement par l’admirable scène de dancing rendue culte par le Journal intime de Moretti. Notre Anna, alors chanteuse légère, est prise entre l’amour pur d’un Raf Vallone encore beau et déjà un peu limité et la passion sordide d’un Vittorio Gassman encore beau et déjà bien crapuleux.


Et c’est assez bien fait, les allers-retours souvenirs-présent jouent à fond la carte des vertiges religieux, et ces sentiments ont beau m’être à peu près totalement étrangers dans la vie, je les trouve toujours très cinégéniques, et de la même manière que je n’ai pas besoin de pratiquer le racket et le meurtre quotidiennement pour apprécier le Parrain, ce n’est pas parce que je ne m’agenouille que pour faire mes lacets que je ne trouve pas émouvant un personnage qui joint les mains pour trouver une réponse à ses turpitudes.


Si les limites du genre larmoyant demeurent, notre trio de jeunes acteurs est tout de même très agréable à observer, la difficulté pour notre semi-sulfureuse héroïne à passer de son milieu interlope à celui guindé de la famille de Vallone est rapidement mais intelligemment rendu, l’opposition Vittorio-Raf fonctionne très bien, et le rôle féminin est encore le plus noble, ce qui est courant dans le cinéma italien de ces années là, et n’en est pas sa moindre qualité.


Un film qui aurait paradoxalement gagné à être à la fois plus rythmé et plus long, mais un très beau personnage et une très belle actrice.

Duan

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