Sans conteste l'énorme surprise horrifique de cette année 2017 !

Bien que James Wan ait su apporter au cinéma d’horreur de toutes nouvelles lettres de noblesse avec ses impressionnants Conjuring, nous ne pouvons pas en dire autant de l’univers étendu qu’il essaye de créer avec de multiples spin-offs. Si un seul s’affichait pour le moment au compteur, c’était largement suffisant pour dégoûter un bon nombre de spectateurs ! Pour ceux qui auraient loupé un épisode, je fais bien évidemment référence à Annabelle, film centré sur la terrifiante poupée aperçue dans le premier opus principal, qui ne s’est avéré être qu’un véritable tâcheron cinématographique. Mal fait, mal rythmé et –objet du comble – pas effrayant pour un sou. Un véritable somnifère qui prenait les gens pour de parfaits abrutis, en tentant de les divertir avec du vide. En même temps, avoir choisi John R. Leonetti (Mortal Kombat 2) pour diriger le projet, c’était se tirer une balle dans le pied d’emblée ! Du coup, autant dire que l’annonce d’un second long-métrage n’avait rien de bien accrocheur. Surtout quand celui-ci se présentait comme « le prequel du prequel »… Et pourtant, sans que nous nous y attendions le moins du monde, Annabelle 2 : la Création du Mal se hisse sans problème parmi les titres horrifiques les plus appréciables de ces dernières années. Que s’est-il passé pour que nous passions ainsi de la pure médiocrité à une bien bonne surprise ? C’est ce que nous allons voir ici !


Pourtant, au premier abord, Annabelle 2 n’a rien d'extraordinaire. Bien qu’il n’est nullement question ici d’une famille se faisant embêter par un démon, nous suivons cette fois-ci un groupe d’orphelines, hébergées par un couple alourdi par le deuil (aillant perdu leur fille plusieurs années auparavant). Mais malgré cela, le constat reste le même : des personnages qui se retrouvent dans une grande maison isolée du reste du monde, et qui vont devoir affronter les facéties macabres d’une entité diabolique. Enchaînant pour le coup la bêtise propre au personnages des films d’horreur (« mais partez de cette maison ! »), des phénomènes paranormaux déjà-vus jusqu’à un dénouement qui abuse un peu trop des jump scares gratuits, des effets spéciaux guignolesques (le coup du démon vomissant dans la bouche de sa victime pour posséder) et d’un rythme beaucoup trop effréné. Pour vous dire, vous serez arrivés au point d’imaginer la maison exploser d’un coup et de voir apparaître au générique « produit par Michael Bay » ! Comme s’il fallait justifier le fait que le budget soit plus élevé que le premier opus (15 millions de dollars contre 5 millions) Vous l’aurez compris, Annabelle 2 n’innove en rien le genre. À en croire ce constat, le long-métrage se contenterait du minimum syndical pour exister et surfer à outrance sur l’aura si particulière de la poupée éponyme. Fort heureusement, le film va au-delà de cela.


Le premier atout dont peut se vanter d’avoir cette suite, c’est un bon scénario. Non pas que celui-ci soit original, comme il est stipulé dans le paragraphe précédent. Plutôt qu’il se montre efficace en termes d’écriture. En effet, au lieu de foncer tête baissée dans l’horreur vulgaire, Annabelle 2 préfère prendre son temps avant de démarrer. Afin de poser les bases de son univers pour (ENFIN !) se concentrer avant toute chose sur la poupée et montrer ses origines diaboliques (ce que n’avait nullement fait le premier volet). De présenter le décor ainsi que les personnages, pour permettre au spectateur de se familiariser avec eux. En parsemant cette longue introduction – ce qui justifie la durée de 1h50, loin des standards horrifiques actuels – de quelques moments de frayeurs bien ficelés, Annabelle 2 parvient à capter notre attention. Et il renforce ce constat en prenant un parti pris inattendu, celui de suivre cette histoire à hauteur d’enfants. Ici, les fillettes ne sont pas secondaires comme dans la plupart des divertissements de cet acabit. Elles sont bien les héroïnes de ce film, et les voir terrorisées, impuissantes face aux événements dont elles doivent faire face, enjolive cette implication, cette terreur qui nous anime pendant l’intégralité du visionnage.


Il faut dire également que James Wan (qui officie toujours en tant que producteur) a eu l’œil pour remplacé au pied levé John R. Leonetti. Le bonhomme a tout simplement déniché sur YouTube un cinéaste en herbe qui a pu faire ses preuves en adaptant pour le grand écran son court-métrage Lights Outs (Dans le noir dans nos contrés). Ce dernier, bien qu’imparfait sur bien des points, a permis de révéler aux yeux du grand public l’ingéniosité de son réalisateur, David F. Sandberg, qui a su relever le défi en s’appropriant un projet bien plus lourd à porter (le fait que ce soit une suite, un film de commande hollywoodien). Avec Annabelle 2, le metteur en scène peaufine son savoir-faire inné en proposant des séquences horrifiques véritablement efficaces, qui sauront vous faire décoller de votre siège. En instaurant à l’ensemble une ambiance maîtrisée, à la fois malsaine et dérangeante, qui ne vous laissera aucune seconde de répit. En sachant convenablement diriger ses comédiens, que ce soit les plus jeunes (toujours une hantise pour un réalisateur), révélant au passage Talitha Bateman et Lulu Wilson, et les plus expérimentés. D’ailleurs, Sandberg a quand même été sortir des noms tels qu’Anthony LaPaglia (la série FBI : Portés disparus) et Miranda Otto (Le Seigneur des Anneaux, La Guerre des Mondes de Steven Spielberg) afin de donner bien plus de cachet et de talents dans le paysage du cinéma horrifique. Bref, en réalisant tout cela, le cinéaste arrive à rendre Annabelle 2 angoissant à souhait par l’efficacité de sa mise en scène, sans jamais nous désintéresser de l’ensemble.


Après les surprenants Get Out et The Jane Doe Identity (sans oublier le simple mais efficace Life – Origine inconnue), rarement une année ne s’était montrée aussi prolifique en matière de bons films d’horreur. Alors que l’on voyait bien Annabelle 2 se ranger parmi les navets du moment, il vient contre toute attente se hisser auprès des titres les plus réussis de la décennie. De quoi relancer l’intérêt concernant la saga Conjuring, qui va prochainement s’agrandir de nouveaux spin-offs (The Nun et The Crooked Man) et d’un troisième volet principal. La franchise peut toujours retomber dans les travers d’Annabelle premier du nom (quoiqu’il faut vraiment le vouloir pour le faire !). Mais cette suite des méfaits de la poupée a de quoi rassurer.

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le 17 août 2017

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