C’était la mauvaise idée de l’année. C’est devenu la meilleure surprise de l’été.
Un prequel d’un mauvais spin-off, ça n’a aucune raison d’exister et ça n’a surtout aucune raison d’être bon. Et pourtant les amis, et pourtant.
On va pas se le cacher, Sandberg recycle toutes les ficelles des films d’horreur : la voiture ne démarre pas, les personnages prennent des décisions stupides et trébuchent comme il faut, les lumières fonctionnent par intermittence, tu te manges quelques jumpscares… Tout y passe, et c'est le principe. Il fait encore d'énormes clins d’oeil à son court métrage Lights Out ou à des classiques horrifiques comme L’exorciste et Rec.
Mais même quand c’est prévisible au possible, même quand j’ai eu envie de rire du ridicule de la scène, la peur était toujours là. Et le mélange des deux est extrêmement flippant. Il n’y avait qu’une seule bonne idée dans le premier opus, c’était la scène de l’ascenseur. C’était d’ailleurs la seule dirigée par James Wan. Ici, il te faut déjà tes deux mains pour compter les bonnes idées originales. Par exemple, Sandberg contourne habilement la règle selon laquelle la poupée ne se déplace jamais à l’écran.
Si le degré de violence et de gore est étonnamment très élevé, c’est surtout l’ambiance malsaine qui fait de l’effet et ça, c’est la marque des grands. Si le fait d’avoir placer l’action dans un orphelinat joue, il faut surtout saluer la performance des deux petites actrices principales, possédées par leur rôle.
Je vais chercher loin et je le dis avec des pincettes, mais l’expérience m’a fait à penser à Dunkirk. Il y a cette même tension, cette apnée qui t'étouffe et ne te laisse jamais respirer. J’ai été surpris du rythme infernal installé, il n’y a aucune exposition, on ne sait presque rien des personnages et tu te prends la première claque très vite. Même quand toutes les conditions sont réunies pour pouvoir souffler, quand tu penses être à l’abri de tout danger, l’horreur prend un malin plaisir à te surprendre.
Le travail sur le son est énorme. Il emplit puissamment toute la salle, et comme le danger, il arrive de tous les côtés, à 360 degrés. C’est tout l’intérêt de le voir au cinéma d’ailleurs, je suis vraiment pas sûr que l’effet sera le même à la maison.
Et plus que ça, techniquement, tout vole très haut. Sandberg a eu la bonne idée de s’entourer d’un bon directeur photo, Maxime Alexandre. Honnêtement, ce serait Paul Thomas Anderson derrière la caméra, qu’on aurait rien trouvé à redire. Rien que le premier plan, où la caméra survole l’église avant de plonger dans la foule, donnait un aperçu. C’est tellement rare de voir autant de maîtrise dans un film d’horreur, la dernière fois que j’ai été séduit comme ça, c’était It Follows.
Annabelle : Création, c’est un pot pourri de toute la culture horrifique au cinéma. Ce n'est voué à être original mais c'est très efficace. C’est le Ready Player One des films d’horreur. Ca aurait pu être ridicule mais c’est génial, j’ai eu des frissons pendant tout le film et j’en ai encore en écrivant ces lignes.