Voilà Uderzo est mort et à cette occasion, Asterix et les Vikings a été rediffusé à la télévision. C'est à ma connaissance, la première fois qu'une chaine de télévision décale ses programmes afin de rendre hommage à un auteur de bd. (Qui plus est un dessinateur.) Et je ne vois vraiment pas d'autres auteur qui, à part peut-être Jean-Jacques Sempé, aurait le droit à ces honneurs là.
Donc, ce Asterix et les Vikings était une bonne surprise, j'étais passé complètement à côté de ce film lors de sa sortie et finalement, je suis content de l'avoir rattrapé.
L'adaptation d'albums d'Asterix en dessin animé est toujours un problème : il n'y a pas assez de matériel dans un album d'une cinquantaine de pages pour tenir 1h30 : certains pratiques le délayage quitte à affadir le truc (Asterix chez les bretons) d'autres ajoutent des tonnes de gags partout entre deux péripéties (Asterix et Obelix Mission Cléopatre, les séquences musicales de Asterix et Cléopatre) ou certains n'hésitent pas à faire fusionner deux albums (Asterix et le coup du menhir) ici, ils ont décidés de carrément dynamiter le film en gardant le fil rouge, une partie des protagonistes et en changeant tout le reste.
En 2006, l'album Asterix et les Normands allait sur ses 40 ans et il y avait des trucs à moderniser : Ainsi, Goudurix passe d'un hippie à un jeune lambda, on lui donne du background afin d'avoir un fil rouge à travers une love-interest. En l'occurence, ici Abba, la fille du chef Viking. Elle fait très héroïne Disney (Rebelle, Raiponce) avec son côté "je veux faire comme les hommes" mais ça fonctionne. Du coup, ce personnage appelle une nouvelle intrigue autour d'un druide, Cryptograf qui souhaite que son idiot de fils Olaf, se marie à elle. Ha, et on rajoute un oiseau de compagnie qui envoie des SMS et qui, sans être extra-ordinaire, est l'occasion de quelques blagues.
Autre truc qui jarte : les Vikings ne sont plus appellés Normand, et on supprime la quasi-totalité des gags basé sur le mélange des "normands vikings" et des "normands français". L'idée est qu'il faut faire un film qui se vende à l'international vu que la production est à moitié danoise.
Pourtant, malgré ces gros changements ça reste dans le ton : ils ont gardés la plupart des gags qui fonctionnaient dans la bd et les nouveaux personnages s'intègrent vraiment bien à l'univers d'Asterix, en particulier Olaf, qui est l'archétype du musclé sans rien dans le crâne. Ça permet aussi d'ajouter un peu plus d'action et d'actualiser des gags. (J'ai particulièrement apprécié un "Vers l'infini et Valhalla" bien placé.) Ha, et dans cette version Obélix est étrangement plutôt intelligent. C'est pas Einstein non plus, mais on est loin du gros benêt dans lequel on le caricature.
Bon, après, il y a quand même des trucs agaçants : Je ne comprends pas les scènes où Goudurix danse une sorte de Disco (il la sort d'où la musique ?) il y a des réadaptations de gags déjà présent dans les autres long-métrage (tiens, les pirates qui s'auto-sabotent, comme c'est original... ) l'intrigue est un poil prévisible et ça n'est pas le meilleur Asterix non plus.
Graphiquement, c'est assez impeccable : on est dans de la production très propre et assez léché des années 2000 : il y a des décors en image de synthèse, mais ils ne jurent pas avec le reste. L'animation est fluide et le chara-design respecte bien le trait d'Uderzo y compris dans les personnages inventés. Et merci pour avoir gardé la voix de Pierre Tchernia dans le prologue, ça fait toujours son petit charme.
Mais ça fait sérieusement le taf et pour les gens qui ralent que "ça n'est pas comme dans l'album"... bah il reste l'album de bd. Je me suis assez bien marré et j'ai été assez enthousiaste devant la plupart du film.