Il faudrait vraiment qu’il y ait un jour une réunion chez Marvel/Disney/World Company à propos de la longueur des blockbusters, et plus particulièrement des Marvel.
Qu’on élise un représentant des spectateurs, bucket de popcorn à la main, pour leur expliquer un peu.
Que les vampires des comics originels veuillent honorer le matériau originel en accordant toute sa place aux complexes échanges entre les personnages, aux caractères torturés et aux manipulateurs retors, aux jeux d’égo et à la difficile charge d’être un Dieu, ou une expérience raté, ou un rat de laboratoire, ou un tueur à gage contre son gré, on peut le comprendre.
Un fan de comic prendra sûrement plaisir à se perdre dans les méandres de cette nouvelle mythologie. Mais le spectateur n’a pas à assumer cette charge, surtout quand elle est exploitée de façon aussi insipide.
Avengers en est l’exemple type : face à ce genre de produit, je suis prêt à pas mal de concession : d’accord, un artefact qui menace la destruction de la terre, d’accord, des méchants à la voix grave qui veulent tout exterminer, d’accord, des gentils qui vont sortir des phrases choc destinées à la bande annonce, suintant la frime et l’impérialisme américain. Je prends, parce qu’en contrepartie, un humour allège le tout, qu’il fonctionne dans les piques de Stark ou les pains de Banner.
Ce qui est insupportable, c’est ce rythme, ce démarrage de diesel : pourquoi nous imposer ça ? Il y a une sorte de pénitence dans les blockbusters qui nous fait prendre notre mal en patience : farcis-toi ce tunnel de dialogues vains, tu seras récompensé par une baston générale d’anthologie.
Parce que le plaisir est bien là. J’aime bien l’idée d’un porte-avion qui vole, d’une baston nocturne en mode déforestation, d’un mec vert qui s’excite sur un avion de chasse et rattrape au vol le siège éjectable.
La scène centrale de l’attaque du porte-avion combinée à la stratégie du « diviser pour régner » est plutôt bien gérée elle aussi : elle annonce l’apogée du film, ce final de destruction massive qui donne film tout son mérite : un action lisible, parfaitement écrite dans sa longueur et distribuée dans ses personnages multiples. La fluidité avec laquelle on passe d’un protagoniste à l’autre, du sol à la tour en passant par les airs et les parois fracassée est réellement remarquable. Ici se dessine une véritable jubilation, celle de mettre en scène une chorégraphie du chaos. Avengers assume : c’est un rollercoaster, et il se donne les moyens de générer les sensations attendues.
Reste que la file d’attente avant de grimper était interminable, voire dissuasive.