"Si nous ne pouvons pas protéger la Terre, vous pouvez être sûr que nous la vengerons" (SPOILERS)

Nous y sommes, la fin d'une ère, d'un cycle commencé en 2008 avec le tout premier Iron man. Véritable consécration d'un univers filmique composé de 22 longs-métrages, cette conclusion est historique et le restera, qu'on ai aimé le film ou non. Pour la première fois, Marvel aura instauré une série cinématographique approximativement cohérente, lançant en même temps une nouvelle mode qui sera copiée par les monstres (Godzilla et King Kong) ou encore les sorciers (Les animaux fantastiques). Tous échoueront à bâtir une architecture solide car il n'y en a qu'un et il n'y en aura toujours qu'un. Juste pour ça, merci Marvel.

Commençons par mentionner le scénario qui, en trois heures, nous réserve pas mal de surprises. J'ai trouvé que les quinze premières minutes vont extrêmement vite (sauvetage de Tony Stark) et règlent un des problèmes teasé dans les bandes annonces très facilement. Les réalisateurs et scénaristes envoient un premier message aux fans: le film sera moins porté sur l'action que d'habitude mais se concentrera sur nos personnages préférés, voués à disparaitre. Une intention admirable, visant à développer la psychologie de nos héros, ce qui tend à les rendre encore plus humains et émouvants. Qui ne s'est pas senti mal lorsque Tony Stark enfonce Captain America avec des punchlines sorties de l'espace? Déjouer les attentes, c'est aussi un détail important pour un film aussi attendu. Faire mourir Thanos, l'impitoyable titan fou, dès les premières minutes, est un parfait exemple d'une prise de risque. On peut aussi citer la scène de l'ascenseur (les vrais sauront), qui joue sur la nostalgie en utilisant ce que l'on a déjà vu pour légitimer une résolution qui aurait été considéré comme une facilité scénaristique sans Captain America Le soldat de l'hiver. Marvel embrasse totalement toute la richesse de son univers et l'utilise à bon escient. Car effectivement, il y a énormément de fan service mais je préfère m'en réjouir, c'est un cadeau et ça ne se refuse pas. L'idée de revisiter des scènes des précédents films du MCU est également une très belle façon de boucler la boucle et s'avère incroyablement jouissif. Cela permet même d'expliquer certaines incohérences. Toutefois, je peux comprendre qu'un spectateur lambda n'ayant pas vu tous les Marvels puisse être perdu ou confus devant cette intrigue de voyage dans le temps.

Autre choix scénaristique couillu, c'est de sacrifier le rythme de ce nouvel opus, quitte à perdre certains spectateur en court de route. En effet, là où Infinity War (2h30) bénéficiait d'un rythme quasi irréprochable avec son montage alterné dynamique et original, Endgame accepte de souffrir d'une certaine lenteur afin de développer ses personnages et d'offrir des scènes intimistes émouvantes. C'est un pari risqué mais j'aime beaucoup, même s'il faut reconnaitre que certaines séquences auraient pu être raccourci ou disparaitre. Néanmoins, cela procure dans le même temps une ambiance mélancolique et dépressive à la première partie, notamment avec cette déchéance des héros qui impressionne par sa justesse. Malheureusement, ce poids de la fatalité et cette sensation de finalité est atténuée par le gros défaut de Marvel: l'humour. Encore et toujours, ils refusent de le laisser à côté, même lorsqu'on raconte une histoire où les enjeux sont à leur maximum. Certes la plupart des blagues font sourire mais, à l'image de Thor Ragnarok, cela diminue la tension dramatique, qui est pourtant incroyablement forte. Pas autant que pour le troisième film du viking au marteau mais c'est tout de même regrettable. On a vraiment l'impression que les studios ont peur de faire un long-métrage trop sombre. Déception également dans le traitement de Thor et Hulk. Le premier, malgré une évolution étonnante, s'enferme dans un rôle de comique/boulet agaçant après son attitude badass dans Infinity War tandis que le deuxième atteint sa forme finale en ellipse et perd de sa superbe en ne devenant qu'une masse de muscle. Et puis, Fortnite et le Dab, c'était vraiment pas nécessaire... L'étiquette produit commercial ressurgit d'un coup et j'avoue, ces petits détails m'ont sorti du film. Ces deux personnages sont complètement démystifiés, leurs mythologie en pâtit tellement qu'ils en perdent leur charisme.

Grâce au ciel, Stark, Captain, Natasha et Clint sont là, toujours au top. J'avoue que l'interprétation de Chris Evans et Robert Downey m'a bluffé, ils sont magistraux. Ce ne sont même plus des rôles, ils fusionnent avec leurs personnages. Leurs conclusions est à la fois magnifiques, émouvantes et logiques en regardant tout le chemin parcouru. De beaux moments d'émotions traversent le film, même s'ils sont souvent atténués par cet humour omniprésent. Au niveau des autres personnages, Thanos perd malheureusement de sa superbe et devient un monstre sanguinaire. Charismatique certes mais beaucoup moins que le précédent opus où chaque apparition et chaque ligne de dialogue relevait simplement du génie. Il n'en reste pas moins le meilleur méchant de Marvel à ce jour et le plus puissant. Par rapport à Captain Marvel, je suis encore dubitatif. Je ne la trouve pas assez attachante, très mécanique en réalité. Et puis complètement invincible, ce qui n'aide pas pour l'identification du spectateur. Je ne sais pas comment les futurs scénaristes vont pouvoir doser ses pouvoirs mais j'avoue être complètement indifférent quant à son rôle de leader dans les futurs films de la phase 4.

Enfin, abordons la grande bataille finale, qui bénéficie d'une époustouflante entrée en scène. Tous les fans en rêvent et c'est arrivé. Tout est là, sur le moment, on croit halluciner mais c'est bien réel. Il y a des images iconiques qui resteront dans nos mémoires jusqu'à la fin des temps, à l'image du plan où Captain America se relève face à l'armée de Thanos, en contrejour, titubant mais restant toujours digne. La concrétisation de tous les films se fait sentir avec cette énorme bataille qui n'égalera cependant pas celle de New-York. En effet, faute de temps sûrement, il manque des focus sur certains personnages qui se fondent dans la foule sans ressortir (Bucky, Groot, Mantis...). Les combos entre héros qui nous ont tant impressionnés dans le premier Avengers se comptent sur les doigts d'une main et c'est bien dommage. Il faut dire que les plans sont très courts et l'image très fournie, on ne peut regarder de tous les côtés. Ce qui appelle à de multiples visionnages bien sûr mais j'aurais préféré qu'ils rajoutent quelques minutes de combat. Légèrement déçu également par le nombre de mort, une guerre de cette ampleur ne peut pas être remportée avec si peu de pertes. Finalement, je trouve que les personnages s'en sortent trop bien (Deux morts pour tout le film, c'est invraisemblable). De beaux moments dramatiques auraient pû nous briser le coeur et Thanos être encore plus menaçant en tuant certains héros qu'on suit depuis maintenant dix ans. Plus je réfléchis, plus je trouve que c'est vraiment timide ce côté là.

Pour ce qui est de la mise en scène, les frères Russo ont toujours ce même problème de surcouper les scènes d'actions, quitte à les rendre illisibles ou difficilement identifiables par moment. Je regrette les chorégraphies de Captain America 2 ou même Civil War. Pour autant, ils possèdent un sens aigu du rythme et savent capter l'émotion pure, celle qui fascine et frappe en plein coeur. En général, cela restera une mise en scène classique et sans grande originalité mais bon, on n'attend rien de plus d'un blockbuster de cette envergure (quoique?). Néanmoins il faut saluer le duo de réalisateur pour la direction artistique qui est de plus en plus belle. On est bien loin du décor si fade et grisâtre tant critiqué de l'aéroport dans Civil War. Beaucoup plus ambitieux, ils ont accordé un soin particulier à recréer de véritables cases de comics à l'écran, faisant immédiatement penser à de sublimes tableaux. On ne pouvait pas rêver mieux pour la conclusion de la saga. Enfin, il est nécessaire d'évoquer la musique toujours composée par Alan Silvestri qui n'étonne plus par son originalité. On retrouve les morceaux entendus dans Infinity War et bien sûr le thème des Avengers, épique au possible. J'en attendais plus après la claque que je mettais prise pour le troisième opus, qui bénéficiait d'une très bonne BO. Et non, remettre l'envoutante Even For You ne suffit pas à me faire pleurer !

Ainsi, un chapitre se tourne. Plus rien ne sera comme avant. Je me demande toutefois si ce pic d'émotion ne va pas déclencher la perte de popularité des super-héros car après tout, avons-nous besoin de plus? En tant que fan, je serai évidemment toujours présent mais j'avoue douter de la suite. Comment peut-on faire mieux après Infinity War? Peut être en s'orientant vers de grosses sagas issus des comics ? Oui Oui, c'est bien à toi que je pense Secret War ! Ou introduire à nouveau les X-men? Seul l'avenir nous le dira mais contentons nous pour l'instant de cette conclusion. Certes Endgame accumule de nombreuses facilités scénaristiques afin d'avancer son récit et possède une intrigue assez prévisible quand on y repense mais le film restera, avec son prédécesseur, ce que l'on peut faire de mieux aujourd'hui en terme de film de super-héros, à la fois ambitieux et jouissif, émouvant et excitant, créatif et captivant. Mes chers amis, nous voici à la fin de la saga Infinity, remercions toute l'équipe du MCU qui ont permis d'accomplir ce miracle. Une chose est sûre, ils vont me manquer.

-"Je pourrais faire ça toute la journée"
-"Je suis Iron man"

MERCI.