"J'ai été amoureux aussi".
Cette réplique prononcée par Kevin Spacey n'est pas anodine. Surtout au moment où elle est prononcée et par qui. Serait-ce une référence à son grand rôle dans "American Beauty" au sein d'un nouveau puzzle méta poli avec amour par Edgar Wright ? Probable. Kevin Spacey est immense, on peut toutefois y voir beaucoup de choses. Immense, mais en second rôle. D'ailleurs tout le casting, aux petits oignons, se constitue d'acteurs connus au second plan, laissant la place libre pour les petits jeunes au premier plan. Une façon d'investir le système du blockbuster à nouveau pour Wright. Qu'on se souvienne de la critique de la société qui cinglait à travers "Le dernier bar avant la fin du monde" et bien là, c'est presque pareil, mais moins visible.
La bête est toute rutilante d'ailleurs, chromée, brillante, elle cache très bien son amertume et sa virulence derrière ses roues classieuses et son moteur surpuissant qui l'emmène loin, derrière le ballet de la chorégraphie d'impeccables poursuites. Mais derrière les apparences, Wright fourbit ses armes et quand la violence claque, elle fait mal, détruit tout tel un impossible ouragan sans parler de la fin du film... Au milieu des amoureux, une serveuse du rêve américain, innocente et sensuelle, un petit prodige mutique et autour d'eux, les flingues et la poudre.
Outre le casting et la mise en scène léchée, on se régalera des mille et un détails (les paroles chantées au générique par Baby se retrouvent sur les graffitis et pubs des murs, mais de manière presque cachées; les scènes de discussions avec le père adoptif) ainsi que d'une bande son mélangeant rock et soul avec une certaine élégance. Mettre un morceau ambiant des Boards of Canada au milieu de ces deux genres d'ailleurs, il n'y avait qu'Edgar Wright pour le faire. C'est un peu la cerise sur le gâteau pour les mélomanes, mais rien que pour ça (non ok le film est très bien !), merci Edgar.