En adaptant le roman-phare "Babylon Babies" de Maurice Dantec, Mathieu Kassovitz croyait réaliser un rêve. Ceci dit, le rêve s'est plutôt métamorphosé en un cauchemar bien réel : problèmes météorologiques et techniques, dépassement de budget, divergences artistiques, disputes multiples avec Vin Diesel, remontage incessant... Le film est devenu une légende en matière de tournage chaotique si bien que Kassovitz lui-même n'hésite pas à cracher sur son propre film. Et tout cela se voit hélas à l'écran...
Car Babylon A.D. a beau être un spectacle tout à fait plaisant, il n'en demeure pas moins une œuvre ratée, impersonnelle et banale, qui n'a rien à rivaliser avec ses homologues du genre. L'image est soignée et beaucoup de plans sont magnifiques (l'entrée du monastère, les plaines glacées d'Alaska...) mais ces jolis naturels décors contrastent vite un univers post-apocalyptique bourré de clichés. La musique est sublime mais n'échappe pas à certaines ringardises comme une musique hip-hop inappropriée par exemple.
Ensuite, le casting est tout simplement improbable : Vin Diesel en mercenaire bad-boy énervant (horriblement doublé façon racaille française par Doudou Masta), Michelle Yeoh en nonne protectrice adepte du kung-fu, Lambert Wilson qui continue de cabotiner Outre-Atlantique... On passera sur les cameos hilarants d'un Gérard Depardieu maquillé (défiguré ?) à la va-vite, d'un Jérôme Lebanner encore plus abruti à l'écran et de quelques yamakazis opportunistes. Dialogues bas de gamme mêlant complexité adulte et punchlines infantiles, scènes d'action mal cadrées et grandiloquence hollywoodienne inutile complètent un scénario à la base fantastique rabaissé à une épuration qui tombe dans le classicisme le plus total. En somme, un énième film de S-F basique, à l'image certes attrayante mais au scénario très simpliste. Un joli ratage en somme.