Avide d'en apprendre plus à propos de la polémique l'entourant, j'ai abordé "Babylon A.D" par le truchement de "Fucking Kassovitz" ( http://www.youtube.com/watch?v=aHCZr5baQaY ), le journal de bord du chaotique tournage relatant les prises de becs du réalisateur avec Vin Diesel, le flicage des producteurs exécutifs, la réduction du budget, les décors absents des plateaux, le laxisme des techniciens, la réécriture journalière du scénario...
Ignorant tout de l'ampleur des dégâts supposés sur la pellicule, j'éprouvais de la compassion pour le cas Kassovitz, persuadé qu'il était la victime d'une machination fomentée par les salauds hollywoodiens. Faisant fi des avertissements de TotoroM & Truman- me mettant en garde, armé de curiosité, je me suis tout de même engagé pour une projection.
A l'issue de la vision de "B.A.D.", j'ai pris conscience que le making-of est aussi une insidieuse propagande franchouillarde visant à victimiser et réhabiliter un Kassovitz "martyrisé" par ses producteurs yankees et le prétendu cerbère Vin Diesel. Au delà de son attitude de diva visant à sauver sa carrière, Pinard Gasoil semble abattu et atteint d'une douloureuse lucidité quant à ce projet qui se décompose à vue d'oeil.
En tant que chef de son "chiantier", Kasso, aux yeux plus gros que le ventre, traine la casserole du désastre engendré par moult de ses artisans : les dialogues sont d'une banalité à chier par terre, la reproduction de New-York est une troublante jumelle de Hill Valley, les pitoyables interventions pseudo kung-fu de Michelle Yeoh, les prestations transparo-chiantes de Lambert Wilson et Charlotte Rampling, le recyclage des Yamakasi et leurs galipettes, le montage aberrant (notamment la fulgurante transition sous-marin / snowbikes !), des gunfights ringards, la métaphore biblique nauséabonde, l'étape résurrection incompréhensible...
Malgré une ambiance post-apocalyptique de bon aloi, "Babylon A.D." années lumières de s'approcher du roman originel et des phantasmes de Kassovitz ! "B.AD." est cheap, se boursouffle et se désagrège au fur et à mesure de son déroulement et sa médiocrité égale "La Sirène Rouge" (2002) d'Olivier Mégaton, la seule autre adaptation d'un bouquin de Maurice Dantec.
Cassos ! Vite !