Un road-movie cru, une décharge punk qui n'est passé par aucun filtre, ça fait du bien. Assez peu stylisé et très bon marché dans son esthétisme, on pourrait a priori croire qu'on est dans un faux-documentaire, mais on est en fait dans un film réaliste et puissamment stylé. Non on peut pas le classer aussi facilement dans les rape and revenge, non c'est pas non plus un film porno, non ce n'est pas vraiment non plus un Thelma et Louise puisqu'il n'y a pas de vraie justification pour les actes commis, un film sur le je-m'en-foutisme au sens propre comme au figuré, vu dans l'intimité des réalisatrices.
Car Baise-Moi est une œuvre tripale pour Virginie Despentes (victime d'un viol et ayant pratiqué ensuite la prostitution, elle a expliqué sa démarche dans un essai autobiographique, King Kong Théorie, sorti en 2006) et Coralie Trinh-Thi, ex-hardeuse. Deux réalisatrices inexpérimentées qui ont réussi une œuvre hautement cinématographique, honnête dans son propos.
Le film a été critiqué pour sa violence, mais à la différence d'une œuvre comme Tueurs nés, ce n'est pas édulcoré et glorifié, mais montré pour ce que c'est, dans toute sa saleté et sa brutalité. Certaines scènes font effectivement mal au bide, aussi peut-être parce que, comme dans la vie, la violence peut être très liée au sexe.
Un film rafraîchissant et salvateur dans l'hypocrisie cinématographique ambiante, qui se paye même le luxe d'être divertissant grâce à des répliques qui tapent toujours dans le mille, et des actrices attachantes.