J'ai un gros problème avec Stanley : il fait des films techniquement irréprochables et parfois, il fait des films avec de l'humanité dedans.
Mais la plupart du temps, il se tire une balle dans le pied, sa froideur et son manque d'interêt pour les êtres humains phagocytant le film.
Pour Barry Lyndon, il se tire dans le pied au bazooka.
En théorie, au cinéma, on génère un certain suspens. Ce suspens doit permettre au spectateur d'accrocher à l'intrigue et de se passionner pour l'histoire. Lui décide de faire du spoil un mode de narration : une voie off nous explique tout ce qui se passe, avec parfois de l'avance. Ce qui avait marché avec la Grande Razzia fait ici l'effet inverse : fi du suspens clinique, bienvenu dans une chronique d'un arriviste qui traité de la sorte, passe pour un idiot. Plutôt que de montrer l'intelligence dont Barry fait preuve, Kubrick s'ingénie à le montrer dans des situations passives. Un choix bizarre.
De plus, alors que le scénario lui sert tous les éléments pour montrer comment Barry arrive au sommet, il se contente de raconter des passages clefs en voix off. On se passera donc de la reconquête de sa femme (capital pour montrer le déchirement qui suit lorsque le beau fils de Barry les ridiculise lors du récital), de comment il rencontre le soldat mourant à qui il vole son identité et sa missive et par conséquent comment il intègre l'armé pour "participer" à la plus grande bataille inconnue (capital aussi car ce mensonge lui servira de leçon et il en fera un art de vie jusqu'à la reconquête de sa femme). Très fort…
Bref, à part la photographie sublime et ce duel exceptionnel (pendant lequel il n'y a que la musique, pas de voie off), je me suis ennuyé fermement.
À voir pour la culture.
Je remonte à 4, parce que 2, c'est tout de même une note franchement raide pour un film magnifique de bout en bout.
Reste que je ne ressens que froideur et détachement après ma vision de ce film.
À confirmer après une autre vision, mais je ne suis pas pressé.