La bande son sanglante de giallo signée Goldsmith, qui s’était déjà illustré avec Alien, sublime une crue satire de la faiblesse, masculine puis policière — notamment illustrée dans la fameuse mise en scène de l’interrogatoire, placée comme tout le film sous le signe du contrôle : qui domine vraiment ? Le limier chevronné descendant au paradis ou l’écrivaine jouissant d’une liberté païenne ?
Des caméras voyeuses chantent ce classique du thriller psycho-érotique, rythmé par la photographie épurée de Jan De Bont, d’inattendues courses-poursuites et l’obsession du sexe d’Eszterhas (qui deviendra celle du protagoniste) qui se retrouve jusqu'à l'arme du crime, phallique.
Notons que le rapport SM entre Nick et Beth serait censuré aujourd’hui.


Plans longs et découpage économe oxygènent l’hubris d’un scénario haletant (sublimé par un réal grimant Hitchock), tandis que dialogues minimalistes, plans-séquences implicites et panoramas marquants accompagnent le naturalisme faussement discret de cadres déjà rafraîchissants (utilisation sarcastique des traveling forward, nerveuse du champ/contre-champ ; plans serrés sur des visages féminins devenant hypnotiques ; rotation entre cadre débulé reflet/objet et contre-plongées pour symboliser la con-fusion charnelle dépeignant l’atteinte déséquilibrante du septième ciel).


Un Verhoeven organique mené par une Sharon Stone glaciale et sulfureuse.

Romuald-Fadeau
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le 10 mars 2020

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Romuald FADEAU

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