Alors qu’il revient d’Afghanistan, le docteur Dawson découvre une petite fille solitaire, Olivia, dont le père a été enlevé. Dawson l’amène alors chez la plus célèbre souris détective de Londres, le grand Basil de Baker Street. Celui-ci se lance immédiatement sur la piste, lorsqu’il découvre que le kidnappeur n’est autre que son ennemi juré : le sinistre rat d’égout Ratigan…
Sa production ayant été repoussée plusieurs années à cause d’un synopsis jugé trop proche des Aventures de Bernard et Bianca, Basil, détective privé se concrétisa rapidement après l’échec du sous-estimé Taram et le chaudron magique, une de ses principales missions étant de rappeler au public que les studios Disney savaient faire des divertissements plus familiaux et amusants que leur précédent film au ton trop mature. Et de fait, Basil, détective privé renoue avec le ton plus léger et sympathique des productions précédentes, alors même qu’il se déroule intégralement de nuit, ce qui lui donne une des esthétiques les plus sombres des Classiques Disney. Enfants comme adultes y trouveront toutefois leur compte sans problèmes, le ton général retrouvant l’équilibre de la grande époque des Disney à la Reitherman.
S’inspirant évidemment du plus célèbre détective de la littérature britannique transposé au monde des souris, le film, cosigné à huit mains par les inséparables John Musker et Ron Clements auxquels ont été adjoints les moins connus animateurs Burny Mattinson et David Michener (qui ne réaliseront pas d'autre film), peut s’appuyer sur un scénario aussi rigoureux que rythmé, ainsi que sur des personnages attachants dès le premier abord. Le trio composé de Basil, ainsi dénommé d’après Basil Rathbone, qui donna à Sherlock Holmes un de ses visages les plus mémorables à l’écran, Dawson et la petite Olivia, témoigne d’une exceptionnelle alchimie, qui ne sacrifie aucun des membres de son trio aux autres, tandis que Ratigan se révèle encore une fois un méchant d’exception, aussi drôle qu’effrayant, parfaitement secondé par la chauve-souris Fidget, personnage si parfaitement mis en scène que ses jumpscares ont hanté nombres de nos cauchemars d’enfant.
Signe de la modernité désirée par les nouveaux réalisateurs, Basil, détective privé est aussi, bien entendu, un laboratoire de choix pour les évolutions de l’animation, et c’est avec le même émerveillement qu’enfant, mais pour des raisons plus techniques, que l’on assiste à la colossale scène à l’intérieur de Big Ben, théâtre de l’affrontement final entre Basil et Ratigan, dont le décor (les rouages de l’horloge) a été intégralement animé par ordinateur.
Cherchant à se mettre à la page, les studios Disney iront jusqu’à chercher à intégrer Michael Jackson et Madonna à leur film avant de se tourner vers Melissa Manchester pour interpréter la chanson de la taverne Laissez-moi vous gâter, composée par le grand Henry Mancini. On notera par ailleurs que l’arrivée de Mancini à la bande originale du film (excellente) nous permet de goûter les premières chansons Disney mémorables depuis le départ des frères Sherman. A cette image, Basil, détective privé nous montre que le relais est désormais transmis, la nouvelle génération a pris la main, et pas pour le pire. Avec ce nouvel opus, les studios voyaient en effet à travers Musker et Clements deux de leurs plus grandes icônes émerger pour se faire les nouveaux héraults de Disney durant les trente années qui allaient suivre. C'était le début d'une grande aventure, et pas la moindre...