Taram et le Chaudron Magique n'ayant pas été produit dans de bonnes conditions et ayant été démonté par la critique malgré l'arrivée d'une nouvelle génération d'animateurs chez Disney, le prochain Classique de la boîte aux grandes oreilles a tout intérêt à redonner confiance aux équipes et aux artistes du département d'animation sans quoi, la Renaissance inespérée ne pourrait avoir lieu.
Venant d'une idée d'adaptation de la série de livres Basil of Baker Street proposée par John Musker et Ron Clements, Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg donnent leur feu vert pour le projet Basil, Détective Privé mais avec un délai et un budget diminués de moitié.
Malgré les limites imposées par les deux PDG, Roy Disney, neveu de l'Oncle Walt, va reprendre en main la direction du département d'animation afin de s'assurer de la qualité du nouveau-né des Studios. Il faut retrouver l'esprit de groupe du Premier et du Deuxième Âge d'Or.
Chose amusante, histoire de faire oublier le four de Taram et le Chaudron Magique, Disney utilisera sur ses posters de promotion pour Basil, Détective Privé le slogan "All new! All fun!" ce qui ne se vérifie qu'à moitié dans le long-métrage.
Alors bien sûr, Basil, Détective Privé est plus fidèle sur la forme à la formule disneyenne qu'a en tête le grand public mais il a pour lui quelques éléments qui le rendent parfois assez noir tout en restant un film pour enfants du début à la fin.
Déjà, la totalité du film se passe de nuit, la lumière du jour n'est jamais montrée à l'écran renforçant ce sentiment d'assister à une intrigue très sérieuse et même plutôt adulte (adulte dans le sens Disney bien sûr). On a même droit à 3 jumpscares avec la chauve-souris Fidget dont une introduction assez flippante pour des jeunes enfants (je me suis planqué derrière mon fauteuil à chaque revisionnage étant gosse lors de cette ouverture).
Là où Basil, Détective Privé est le plus maîtrisé c'est au niveau de la progression de l'enquête.
Le suspense est réellement là et on découvre en même temps que nos personnages principaux cet univers de souris londonien. D'abord par les yeux d'une enfant innocente et naïve découvrant la noirceur cachée de la ville, dans le cas présent Olivia, puis par la perception du Docteur Dawson tout juste revenu d'Afghanistan et révolté à l'idée de voir que les crapules du Professeur Ratigan puissent un jour prendre le pouvoir sur Londres. Chaque péripétie a la durée qu'il faut et le duo Musker/Clements prend le temps d'installer un vrai mystère sur les actes de Ratigan.
Mais si l'histoire est aussi divertissante, c'est avant tout grâce au trio de héros qui se retrouve au centre du complot de Ratigan, génial méchant au plan tiré par les cheveux mais inattendu. Outre la petite Olivia créée avant tout pour que les enfants puissent plus facilement s'intéresser au scénario et le Docteur Dawson fort attachant, c'est Basil qui séduit le plus. Personnage très spécial et même insociable aux comportements imprévisibles (il ne perdra espoir qu'en croyant être inférieur intellectuellement à Ratigan et déprimera en ratant une expérience au but incompréhensible), son évolution de détective froid et sûr de lui à homme d'action au grand coeur est particulièrement bien écrite et appréciable.
Si techniquement, Basil, Détective Privé ne met pas la barre aussi haute que son prédécesseur (un des rares bons points de Taram et le Chaudron Magique d'ailleurs), il reste très beau à regarder et même 30 ans après, la séquence dans le Big-Ben, première scène de l'histoire de l'animation à autant utiliser les images par ordinateur, reste très impressionnante. Tout le climax est impressionnant! La tension, les visuels, la réalisation, c'est le meilleur passage du film.
Petite recommandation tant que j'y suis pour la bande-originale de Henry Mancini bien trop oubliée à mon avis et qui mériterait qu'on fasse davantage parler d'elle.
Tout en restant un "petit" film Disney, Basil, Détectivé Privé est un excellent divertissement pour toute la famille et mérite d'être découvert ou redécouvert pour toutes ses qualités.
Il a grandement participé à la future Renaissance qui commencera 3 ans plus tard et révéla un nouveau duo de réalisateurs très prometteurs qui continuèrent à faire des merveilles des années après pour Disney Animation: John Musker et Ron Clements.