Demain ne meurt jamais
Dans son orphelinat, Lewis préfère occuper son temps à inventer des machines bizarroïdes plutôt qu’à se soucier de trouver une famille d’accueil. Mais voilà que Wilbur Robinson, un jeune garçon...
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le 1 sept. 2018
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L’image du Disney des années 2000n’est guère fameuse, ses habituels films animés ne remplissent plus autant qu’avant les salles. Le studio Pixar, avant d’être racheté en 2006, ridiculise les productions maison. Quelques films un peu décevants parsèment cette décennie, comme Chicken Little, mais d’autres s’en sortent tout de même assez bien.
C’est le cas de cette famille Robinson, sorti en 2007, pour laquelle peu d’espoirs furent pourtant placés avant son visionnage. La production Disney adapte un des livres de l’auteur William Joyce, un habitué de la chose (Robots, les Cinq Légendes ou Epic reprennent ses oeuvres).
C’est Stephen J. Anderson qui prend en charge la réalisation, pour son premier long métrage au cinéma. Tout comme Lewis, le personnage central, il a été adopté, ce qui explique son investissement sur le film, c’est lui qui fera concrétiser le projet et il a affirmé que les questionnements de son personnage principal étaient aussi les siens dans sa jeunesse.
Ce Lewis on le découvre bébé, abandonné par sa mère devant la porte de l’orphelinat. Douze ans ont passé, il a bien grandi, il est devenu un petit génie, mais personne ne veut l’adopter, sa fantaisie créatrice brusquant les éventuels parents. Il décide alors de partir à la recherche de sa mère, par le biais d’une nouvelle machine qui permet de fouiller dans ses souvenirs. Mais celle-ci est sabotée. Un jeune garçon, à peine plus âgé, Wilbur, le contacte pour le prévenir, un peu trop tard, tout en prétendant venir du futur. Lewis refuse d’y croire, jusqu’à ce qu’ils finissent tous deux par arriver dans cette époque avancée de quelques décennies. Lewis va ainsi faire la rencontre des proches de Wilbur, la loufoque famille Robinson.
C’est ainsi que la traditionnelle quête de l’orphelin à la recherche de ses origines va prendre un tout autre sens, dans ce futur où Lewis ne devrait pas être mais si accueillant. Le film n’hésite pas à aborder des thèmes assez forts, tels que l’identité, l’accomplissement de soi et les liens familiaux, en osant quelques idées assez originales. Son personnage principal, Lewis, se révèle vite bien plus attachant que prévu, pris en pitié avec sa quête un peu illusoire de (re)trouver une famille, bien souvent désemparé, avant de trouver la détermination qui lui manquait.
Lewis est de toute façon bien entouré, avec une belle galerie de personnages qui acceptent et expriment leur différence, cette famille Robinson composée d’énergumènes hauts en couleurs, mais avec le coeur gros comme la main, tant que le secret de Lewis est maintenu, lui qui vient du passé.
On appréciera encore plus la menace qui va s'opposer à lui, ici présentée sans le manichéisme habituel des productions Disney. L’homme en question souffre de gros problèmes de confiance en soi, sans cesse rassuré par son chapeau melon, créature robotique surprenante mais aux capacités nombreuses. Son plan apparait malhabile, ses mouvements amples soulignent tout le grotesque du personnage, dont l’allure reprend les codes des vieux méchants en moustache fine et habits noirs et aux stratégies diaboliques mais ici sans les mêmes convictions.
D’ailleurs, évoquer le scénario de ce film animé Disney doit se faire avec des précautions. Pour une fois, le parcours ne sera pas entièrement balisé pour le spectateur un peu plus averti des clichés habituels. Le tout est vif, amusant et réconfortant, mais grâce aux voyages temporels le film embarque quelques idées et rebondissements qui égaillent le visionnage. Lewis va ainsi se retrouver au centre de son existence, passé comme futur, et ce sans aucune gratuité, afin de déterminer qui il est et ce qu’il veut.
Cependant, malgré la qualité de son univers, La Famille Robinson souffre d’un mal assez paradoxal pour un film dans le temps, celui d’être de son époque, à un âge où la production animée en images de synthèse s'affinait encore et où Disney accusait un sérieux retard. La même année sortent Ratatouille et Shrek 3, dont les qualités techniques aujourd'hui jurent moins qu’ici. Quelques éléments méritent d’être remarqués, à l’image de quelques décors dans une SF innocente typée années 1950-1960, en rondeurs et en couleurs, hélas trop peu vus. Les expressions faciales ne manquent pas de vie, heureusement, à l’image de celles bien fébriles de L’homme au melon. Mais à d’autres éléments on regrette la faiblesse des textures, la légèreté des modélisations 3D ou la répétition des décors, à l’image de chaque plan sur les pelouses, bien vilaines.
On ne peut que supposer que le film voulait utiliser un rendu plus léger, mettant l’accent sur une simplicité des textures pour privilégier de grands aplats de couleurs, peut-être pour mieux rappeler l’origine du film, ce livre pour enfants. Cette esthétique aurait pu être remarquable sur celluloid ou en film live, mais ici elle semble mal présentée. Le film semble avoir eu des derniers mois assez difficiles, avec une bonne partie refaite, ce qui pourrait expliquer ces faiblesses.
Il faudra l’accepter, le film a mal vieilli techniquement, mais il se montre aussi d’une grande modernité, grâce à ses thèmes mais aussi la jolie fantaisie qui l’anime. La Famille Robinson est bien plus malin que ce qu’on pourrait craindre d’un premier abord et fait assurément partie de ces Disney mal connus à découvrir.
Créée
le 8 déc. 2020
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