Une pièce maitresse de l'humour noir
Un homme dit un jour "le bon humour est comme le bon esclave : noir" il dit également que toutes personnes qui se trouveraient outrées à un tel propos n'en comprendraient pas le sens second peu importe leur couleur de peau. Qu'on se le dise, l'humour noir, j'aime, là j'ai adoré.
Car il faut être bien fait et sur la bonne longueur d'onde pour apprécier ce film dont l'humour confine au génie des plus grandes comédies francophones, insolentes, et brutales, comment ne pas rire de cet homme qui t'explique les proportions de cailloux à accumuler pour plonger un corps dans l'eau sans que celui-ci ne remonte, ou qui poétise sur les pigeons tout en courant après un homme pour le truffer de plomb ? c'est là tout le génie des comédies réussies de te faire rire d'actes violents et immondes tant ils te paraissent absurdes et les phrases devenues cultes de ce film montrent à quel point celui-ci a su marquer de son empreinte le cinéma en y insufflant le goût délirant du décalage de style montrant Ben comme le fou heureux qui finalement entre chez les gens et les trucident sympathiquement comme un travailleur lambda qui ferait son travail pour gagner son pain quotidien.
Car tout le jeu de l'humour noir magnifiquement réussi de ce film est d'allier des situations a priori atroces à des textes savoureux totalement en décalage "oui en général je me fais un facteur une fois par semaine" *pan pan* et c'est là toute la réussite de cette œuvre qui te détache complètement d'un tueur froid pour te présenter un homme amicale, sympathique, aimant, proche de sa famille et ses amis, normal en somme si ce n'est qu'il tue des gens, finalement ça paraitrait presque anodin, amusant même.
Le coté un peu glauque, voire malsain est ici totalement assumé puisque l'humour noir est totalement dans cet esprit de donner des références atroces pour les désamorcer avec un trait d'esprit bien placé comme un exorcisme. D'ailleurs le noir et blanc évoque entre autre largement les vieux films de gangster, la jaquette du film elle-même en reprend d'ailleurs tous les traits, et renforce encore plus le coté sérieux de l’œuvre qui n'en apparait que pour décalée entre le propos initial : le portrait d'un tueur sombre et froid attendu, et finalement le portrait final d'un type en fait super sympa même un peu terroir qui paye sa tournée, nous aide à faire un film, se fait rétamer sur un ring et a autour de lui une famille géniale qui l'aime et qu'il adore, finalement un gars comme un autre qui vit sa petite vie ponctuée d'anecdotes finalement banales entre deux meurtres sanguinaires et autres actes répréhensibles. Et encore une fois c'est ce décalage entre les codes attendus et le ressenti qui font la réussite de cette œuvre.
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