Le meurtre de pauvres gens qui n'ont rien demandé, la traque impitoyable d'un enfant qu'on vient de rendre orphelin, un jeu d'ivrognes se moquant éhontément d'un fait divers sordide, le viol atroce d'une malheureuse dont nous est laissé le doute quand à sa grossesse... CAPDCV restera pour longtemps un des plus grands concentrés de monstruosités montrées en un seul film.
Sorte d'Orange Mécanique des années 90, c'est un film extrêmement dérangeant de par sa volonté de faire rire avec l'insoutenable. En plus de ce concept original mais qui devait vraiment relever du défi à l'origine, il dispose d'un choix de mise en scène très pertinent et d'une équipe d'amateurs qui jouent le jeu à fond. Au final, force est de constater que le film est une réussite technique à tous les niveaux.
Pour ce qui est du contenu, le film joue sur plusieurs tableaux et à différents degrés avec une efficacité indéniable : parodie noire d'émission télé, chronique effroyable du quotidien d'un tueur psychopathe, satire sociale sadique, dénonciation de l'impact de la violence télévisuelle, réflexion et interrogation sur la nature même d'humour... la liste des thèmes (très) habilement abordés est encore longue !
Parmi les fils conducteurs de son récit, le film utilise la montée dans une violence de plus en plus éprouvante rendue objet d'une dérision tout en humour gras potache qui accentue autant son intensité que le décalage recherché. Se jouant ainsi de l'adage cité en titre de cette critique, cet engrenage offre aussi une très sérieuse mise à l'épreuve des limites de l'humour et de la sensibilité de chacun.
Plus qu'un film, CAPDCV est une oeuvre vraiment hors du commun, une expérience très particulière et intense dont l'aboutissement et le style inimitable en font indéniablement un chef d'oeuvre. Ceci étant dit, son visionnage peut provoquer chez certains un malaise extrêmement désagréable et nauséeux qui peut faire haïr le film et douter de sa nécessité. Dans la difficulté de noter un tel OFNI à la qualité cinématographique tout aussi extrême que sa violence et son immoralité, la moyenne me parait le compromis idéal.