Sortie en 1976, Carrie, adaptation du roman de Stephen King écrit deux ans plus tôt, a acquis au fil du temps une excellent réputation et est même devenu un classique du genre, De Palma nous faisant suivre l'histoire faite d'humiliation et de tortures psychologiques de l'adolescente Carrie White.
Force est de constater que le film est à la hauteur de sa réputation, De Palma brasse divers genres allant de l’horreur au drame en passant par le surnaturel, et ce avec brio. Il s’éloigne des influences d'Hitchcock (malgré quelques clins d’œil à l'image du nom de l'école, la Bates High School) qui l'ont suivi jusque-là tandis que sa mise en scène est brillante, capable de créer une vraie atmosphère angoissante et oppressante ainsi que de la tension dans les moments adéquats.
On admirera aussi sa maîtrise technique que ce soit dans les divers effets de styles ou certains plans, ce qui lui permet d'arriver à ses fins et de provoquer l'intensité et l'angoisse voulu. L’apothéose viendra lors de la scène du bal où le futur metteur en scène de L'Impasse démontre, à nouveau, tout son savoir-faire. L’écriture est aussi remarquable, notamment vis-à-vis de l’étude psychologique de Carrie ainsi que ses relations avec sa mère et ses camarades.
Il montre de belles manières ses contradictions et les éléments qui la poussent à la folie et notamment les lynchages, parfois aussi effrayants que ses colères surréalistes. Le cadre scolaire et adolescent est assez bien exploité, De Palma nous y immergeant avec grand brio tandis que les interprétations, emmené par une très grande Sissi Spacek, sont excellentes et notamment Piper Laurie dans le rôle secondaire de la mère.
De Palma propose avec Carrie au bal du Diable une oeuvre à la hauteur de sa réputation, dotée d’une atmosphère sombre et prenante, d'une très belle réalisation, de superbes interprétations et capable de s'éloigner du simple film d'épouvante pour lorgner vers le drame ou le surnaturel. Brillant.