1973, Las Vegas. Devenu maître de la pègre de la ville, mais aussi de Chicago, par alliances interposées, Sam Rothstein (Robert De Niro) commence à s’inquiéter. En effet, sa femme (Sharon Stone) devient incontrôlable, et s’éloigne de lui, en même temps que son meilleur ami (Joe Pesci), qui semble vouloir mettre toute la ville sous sa coupe…
Dès les premières images du film et ce générique mémorable cosigné Saul Bass et Jean-Sébastien Bach (https://www.youtube.com/watch?v=HMva00IO0zA), on sent qu’on a affaire à un Scorsese des grands jours. De fait, sur la forme, rien à reprocher, la mise en scène étant un quasi sans-faute, grâce à la superbe photographie de Robert Richardson. On suit donc avec intérêt et fascination la description que nous offre Scorsese des rouages d’un casino, d’autant que ceux-ci sont présentés par un Robert De Niro d’une grande classe, et qu'il a pour le seconder un Joe Pesci que je ne connaissais guère aussi menaçant et une Sharon Stone aussi impressionnante en femme libre et indépendante qu’en prostituée déchue, alcoolique et droguée.
Mais le film est loin d'être dénué de défauts, et le principal problème de Casino vient de sa longueur. Car si sa première heure d’exposition, à la narration (parfois trop) dense, fascine et exerce une attraction répulsive (si on me permet cet étrange oxymore !) sur le spectateur, le film perd de sa saveur au fur et à mesure qu’on s’attarde sur les états d’âme des personnages, les acteurs se lançant dans un jeu de « je t’aime… moi non plus » qui n’est guère des plus intéressants. Cela dit, malgré ses temps morts, le spectacle d’un apparent paradis en train de se fissurer, et de la déchéance de ces dieux du jeu et de l'argent reste extrêmement prenant et d'un intérêt quasi-constant. Qu'on me permette simplement de penser qu'une durée comprise en 2h et 2h30 aurait été plus raisonnable...