Je complète mon intérêt pour Kevin Smith en matant sa filmographie dans un désordre incroyable, mais j'ai presque fait les choses bien cette fois-ci, en regardant d'abord Clerks premier du nom, puis sa suite. J’ai même maté la série animée qui en a été tirée, assez agréable.
C'est Clerks qui a permis de découvrir Kevin Smith en 1994. Son premier film, et déjà un succès. Tourné avec trois bouts de ficelles, dans l’épicerie où Smith travaillait encore, il faisait découvrir Dante Hicks et Randal Grave. L'un et l'autre sont des employés, l'un d'une épicerie, l'autre d'un videoclub (so 90's), ces deux lieux se jouxtent, et ce ne sont pas des employés modèles. Randal veut en faire le moins possible, et s'appuie sur Dante qui, s'il veut bien faire, se coltine quand même des relations amoureuses qui lui mettent des bâtons dans les pattes. Les deux compères parlent, beaucoup, de relations, d'employés, de pratiques sexuelles ou de Star Wars.
Dans le II, nous retrouvons ces deux compères dans un restaurant de fast food, et ce sera, en gros, la même chose. Mais avec plus de moyens, en couleurs et avec un âne.
J'avais été mollement convaincu par mon premier visionnage de Clerks, qui se perdait dans son bavardage, mais sa suite me l'a fait apprécier un peu plus, en me permettant de mieux le comprendre.
C'est un peu facile, voilà. J'apprécie Kevin Smith quand il a des choses à dire et qu’il les exprime sans s’appesantir. Le scénariste et réalisateur sait parler du statut d'employé (Clerks), des relations amoureuses (Méprise multiple), de la religion (Dogma) ou de la paternité (Père et fille), notamment parce que ce sont des sujets qui le concernent.
Dans Clerks II, c'est comme si l'inspiration s'était coupée. Alors on parle toujours de cul (mais sans le fonds), de relations amoureuses (mais en sombrant dans le vaudeville) de geekeries (mais sans l'intelligence) ou du monde du travail (mais sans l'expérience). Seule la fin propose un dialogue qui fait sens, sur l'amitié et sur les années qui passent, en raccord avec le temps entre les deux films.
Mais avant cette fin, je retiendrais surtout cette scène avec l'âne, marrante de vulgarité, dans un trip sado-maso et zoophile qui a ravi mes plus bas instincts d'amateurs de comédies graveleuses. Si vous bavez en lisant ces lignes, vous m’inquiétez. C'est à ce moment qu'on a dû entendre mes neurones griller, déjà fatigués de suivre les parlottes du film.
C'est le dernier film, pour l'instant, faisant partie du View Askewniverse (mais il y aura bien un Clerks 3 ou un Mallrats 2, et je serais là !), l'univers partagé commun à plusieurs des films de Kevin Smith. Donc c'est toujours bien de comprendre les références, même si certains clins d'oeil sont un peu appuyés, et que, surtout, le film prend un temps fou à redonner de l'intérêt aux formidables Jay & Silent Bob. C'est un peu comme quand Star Wars 7 te tape du coude violemment toutes les 5 minutes en te hurlant « hey, t'as compris la référence ? ». C’est bon mec, on a compris, tu veux faire plaisir à tes fans. Mais il ne faudrait pas oublier de faire aussi un bon film.
Et Clerks II l’est, mais mollement, une appréciation doucement positive que je lui accorde par sympathie peut-être. Il lui manque la flamme des meilleurs films de Kevin Smith. Le film a du budget, mais il lui manque des personnages et un peu plus de caractère.