Assez étrange sur les bords, le seizième film de Bertrand Blier n'a rien d'exceptionnel en soi si ce n'est la présence de Monica Bellucci nue (encore une fois) et dans le rôle d'une prostituée (encore une fois). En soi, le réalisateur culte des Valseuses nous propose une histoire assez originale, avec une ambiance finalement particulièrement glauque en dépit de la légèreté de l'affiche, filmée de manière très posée, presque scénique, où un dépressif aux portes de la mort va s'amouracher d'une prostituée philosophe...
Nous avons affaire ici à des personnages très humains, tous centrés autour d'un désir commun personnifié en Bellucci, assurément mise en valeur mais pas très bien dirigée. Mais là où le film se plante, c'est surtout dans les seconds rôles, tous pathétiques, qui peuplent le film, le transformant peu à peu en vaudeville déjanté : d'un Gérard Depardieu très vite antipathique en maquereau peu crédible à un Édouard Baer déstabilisant en pleurnichard lourdingue en passant par l'énervante Sara Forestier (désintéressante à chaque image dans son rôle de péripatéticienne intéressée) et Farida Rahouadj, la palme lui revenant avec ce rôle de voisine nymphomane dans une séquence tout droit sortie d'un délire des Monty Python. Seul le trop rare Bernard Campan s'avère vraiment touchant et sincère dans une interprétation tout en justesse.
Hélas, le scénario va assez rapidement partir dans tous les sens et, s'il aborde une fois encore la sexualité ambiguë de l'être humain, Blier n'arrive ici malheureusement pas à proposer quelque chose de cinglant, de choquant, voire même de drôle. Embrassant parfois l'absurde à bras ouverts, filmant platement ses séquences comme une pièce de théâtre sans grande envergure cinématographique, on sent une fois encore le réalisateur à court d'idées, qu'elles soient visuelles ou scénaristiques. Ainsi, on ressort de Combien tu m'aimes? peu amusé, à peine troublé par les innombrables scènes avec une Bellucci alors transcendée (l'objet de désir filmé sur toutes les coutures) mais pas remué pour un sou. Un certain comble de la part d'un metteur en scène autrefois si irrévérencieux. À voir une fois par curiosité...