Un petit Blier, un peu sur le retour, comme en demi-teinte : Combien tu m'aimes ? ressemble à un vaudeville auquel le réalisateur aurait subtilisé le comique burlesque au profit d'une tendresse mélancolique, étrangement abstraite, mise à nu, à l'image d'une Monica Bellucci sublimée par sa caméra. Du reste l'actrice n'a certainement jamais été autant mise en valeur que dans ce film de petite mine, le portant presque intégralement sur ses belles épaules italiennes.
Tous les codes dramaturgiques du vaudeville sont ainsi transposés sur cette scène filmique d'humble tenue : un couple ( Bellucci et Campan ) et un troisième larron ( Depardieu ), des voisines et des voisins de palier, un médecin malade d'amour malgré lui ( Jean-Pierre Darroussin, qui nous réserve pour l'occasion le plus beau monologue du métrage...), des portes ouvertes et d'autres qui claquent... Bertrand Blier, fidèle à son univers poétiquement décalé convoque Verdi, Chopin et les autres pour un film d'amour fou, tendrement misogyne et joliment écrit.
On regrette toutefois un récit condamné à une certaine forme de schématisation, tendance que le réalisateur des Valseuses manifeste régulièrement dans ses meilleures réussites ( La femme de mon pote, Tenue de Soirée, Trop Belle pour Toi...) comme dans ses pis échecs ( Les côtelettes, précédent film du cinéaste et dialoguiste français ). Il émane de l'ensemble un parfum d'inabouti, d'autant plus dommageable que la première heure augurait l'excellence. Et si Bernard Campan s'avère entièrement crédible en client de bar à putes cardiaque et ordinaire Gérard Depardieu ne se repose que sur ses acquis, traînant lourdement la patte à la manière d'une narration faisant du surplace dans son dernier acte. Pas mal, mais sans plus.