Contagion par Julie Splack
L'histoire du cinéma n'en est pas à son premier virus mortel et dévastateur, à l'instar d'Alertes ! ou Je suis une légende, sans parler des innombrables films de zombies. Mais malgré une intrigue souvent exploitée, Contagion parvient à se démarquer et à s'éloigner du convenu et de la facilité. Pour l'occasion Steven Soderbergh s'entoure d'un casting en or massif, réunissant six grands noms de la planète hollywood. Le réalisateur d'Ocean Eleven ne cherche en aucun cas à nous en mettre plein la vue, ni même à faire dans le sensationnel. Ceux qui espéraient assister à blockbuster bourrin prendront une vilaine douche froide, autant se le dire. Sans perdre de temps, nous sommes entraînés dés les premières minutes dans la propagation fulgurante d'un virus jusqu'ici inconnu, provoquant maux de tête, fièvres, vertiges, attaques cérébrales et autres réjouissances amenant au décès du patient au bout de quelques jours. Pas de rythme, peu de rebondissements, mais une formidable atmosphère, froide, inconfortable et angoissante. Il est probable qu'il manque un quelque chose de palpitant à ce Contagion, mais l'ambiance qui y règne est assez saisissante. On peut ne pas adhérer au long-métrage, mais il est quand même important de saluer la volonté du réalisateur de s'approcher au plus près de ce que peut être les conséquences d'un fléau d'une telle envergure, de manière la plus réaliste et crédible que possible. Une approche documentée et travaillée qui dévoile les différentes actions et failles des systèmes internationaux finalement peu préparés à gérer une telle catastrophe. A la gestion des zones contaminés, des malades et des décès, s'ajoute l'importance cruciale de préserver la population d'une panique générale. Dans une société qui se désagrège, la communauté médicale mondiale se mobilise afin de mettre au point un vaccin, alors que les individus lambdas luttent pour survivre, et que certains profitent du chao ambiant à des fins personnelles et peu scrupuleuses. Le personnage de Jude Law est d'ailleurs très intéressant, car on se laisse nous-même facilement berner par les dires de cette sorte de "prophète" qui semble pourtant ne nous vouloir que du bien. C'est un tableau peu reluisant, et pourtant réaliste, que le long-métrage dresse sur la nature humaine qui, dans un vent de peur, est capable des pires excès de violence, d'égoïsme et de manipulation. Un portrait psychologique que Soderbergh relativise néanmoins, soulignant l'aptitude de l'homme à faire également preuve d'entraide, de générosité et d'humanité dans les instants les plus sombres. Un peu d'optimisme ne fait jamais d'mal ! On regrettera peut-être les rôles trop peu conséquents de certaines têtes d'affiches (notamment de la gente féminine), frisant même la simple figuration. Le réalisateur puise donc finalement peu dans son casting 4 étoiles, préférant s'attarder sur le réalisme de son récit et son ambiance, émanant un sentiment d'insécurité et l'odeur de la mort. De quoi donner envie de s'imbiber de solutions hydro-alcooliques ! Si certains la considère comme bâclée, la scène finale m'a satisfaite, simple mais révélatrice, nous dévoilant enfin le pourquoi-du-comment sur ce virus mortel. Effrayant de voir qu'une succession de petites choses, de malheureux hasards, puissent être à l'origine d'un tel fléau. L'humanité a déjà été violemment touché par certaines pandémies, et ne nous sommes certainement pas à l'abri d'un éventuel nouveau virus foudroyant. Un rappel toujours bon à faire, surtout à une époque où l'on a tendance à se croire préserver de ce genre de catastrophes grâce au progrès de la médecine. Loin de faire dans le grand spectacle malgré un budget colossal, Steven Soderbergh signe ici un docu-fiction à l'intérêt certain, mais qui manque de rythme pour réellement passionner. Demi-déception donc.