Il y a indubitablement du travail derrière ce docu, et il demeure relativement intéressant, mais il est bourré de défauts, défauts que je m'apprête à lister (certains hurleront au chipotage, je n'en ai cure car j'estime car il aurait pu être bien mieux fait).
J'ai conscience que Daft Punk Unchained est plus fait pour le grand public que pour les fans, mais je ne peux m'empêcher de penser que l'on peut le scinder en plusieurs parties.
Il y a pour commencer les trucs approximatifs, les raccourcis douteux, et les trucs foutus à l'arrache :
- Pourquoi un passage avec Giorgio Moroder juste après l'année 1996 dans la chronologie ?
- Est-ce utile de voir Michel Gondry chercher sa télécommande ou je ne sais quoi ?
- Kraftwerk ne sont certainement pas américains
- On montre Tony Gardner en train de travailler pour qu'on comprenne en quoi consistait son boulot sur les casques des Daft, d'accord, mais à l'instant T, avec qui travaillait-il ? Qu'est-ce qu'on posait à cette personne ? Pourquoi ? J'ai envie de le savoir !
- Pourquoi embrayer directement sur Interstella 5555 à l'instant où Discovery est évoqué ? Vous savez que le disque a eu une vie sans le film ?
- One More Time différente de tout ce qu'on a pu entendre par le passé de part son aspect dance-pop mêlé à de l'Auto-Tune, si vous voulez, mais quid de Cher et Believe dans ce cas ?
- La house popularisée par les Daft Punk aux États-Unis ? Z'êtes bien sûrs ?!
- Si Discovery était, selon les intervenants, un des premiers disques de musique électronique populaire qui s'appuyait beaucoup sur des samples, quid des succès de la vague big beat des années 1997 à 1999 dans ce cas ?
- Non, le sampling ne consiste pas forcément à simplement prendre un échantillon et le faire tourner en boucle (cf. le travail hallucinant sur High Fidelity, High Life et Face to Face d'un certain duo composé par T. Bangalter et G. de Homem-Christo, surtout que les vidéos vers lesquelles je redirige datent même de bien avant Random Access Memories, vous n'avez aucune excuse pour avoir laissé passer un truc comme ça)
- Il n'y avait pas qu'eux pour un rendre un sample méconnaissable, non
- Il y a quand même quelques effets sonores dans Interstella 5555, il n'est pas totalement muet si on lui retire Discovery
- N'aurait-il pas été préférable de passer son morceau éponyme en fond au moment où Human After All est évoqué au lieu d'un autre ?
- Pas de single radio ni de promo pour l'album de 2005 ? Que sont Robot Rock, Technologic, Human After All et The Prime Time of Your Life dans ce cas ? Pourquoi des clips pour ces morceaux (il est d'ailleurs fait mention qu'Electroma part d'une idée de clip pour HAA) ont-ils été tournés ?
- Lorsqu'il est fait mention de Kanye West, et vu qu'il parle (vite fait, c'est vrai) du groupe, n'aurait-il pas été plus logique de passer Stronger en fond sonore plutôt qu'un remix douteux de Human After All ?
- On est vraiment obligé de voir Matos parler lorsque Coachella 2006 est évoqué au lieu de profiter des images ? Je veux dire, déjà qu'il parle par dessus l'audio...
- Quant à l'influence du show visuel de la tournée Alive 2006/2007 (oui parce que Coachella n'était qu'un préambule à une tournée à travers le monde de laquelle a même découlé un mythique album live qui a permis à Human After All de se racheter aux yeux du public, mais ça méritait pas qu'on s'y attarde apparemment), je pensais plus à deadmau5 ou aux Chemical Brothers (qui eux-mêmes ont peut-être influencé les Daft au passage) qu'à Skrillex perso.
- Les clips (pas les lives hein, les clips pour promouvoir les singles, vous savez les trucs qui peuvent passer à la télé et dont aucun morceau de Human After All n'a fait l'objet d'après ce qui est dit ici:)) de Skrillex totalisent 2 milliards de vues, d'accord, c'est un chiffre quand même, mais vu le contexte, est-ce qu'on s'en battrait pas un peu la race ?
- À un moment, on entend distinctement Nile Rodgers évoquer Give Life Back to Music, mais la voix off fait mention de Lose Yourself to Dance
- Paul Williams kiffe Beyond, ok, mais on se rappelle surtout de lui sur Random Access Memories pour Touch, non ? Pourquoi il n'en parle pas ?
- Guy-Man évoque et fait un parallèle avec Andy Warhol à un moment, l'audio aurait pu être illustré par une de ses œuvres pour que tout le monde visualise bien ce qu'il veut dire
- Pas de témoignage des Yeah Yeah Yeahs par rapport à la promo de Random Access Memories avant le début de leur concert à Coachella 2013 ?
- Pas non plus de témoignage de Stevie Wonder sur sa performance aux Grammys 2014 avec Pharrell et les Daft Punk ?!
- Et l'illustre père de Thomas dans tout ça ?
- Pedro Winter nous régale d'anecdotes, mais Pharrell n'aurait-il pas pu étoffer son propos lorsqu'il dit que travailler avec les Daft Punk est compliqué ? Il a été aux premières loges je veux dire.
- Les extraits de randoms qui reprennent Get Lucky étaient-ils vraiment utiles ?
- Pour les traductions, on oscille constamment entre voix off et sous-titres, y aurait fallu se mettre d'accord dès le départ (en optant pour les sous-titres, bien-sûr :))
Il y a aussi des extraits qui auraient pu être bienvenus :
- Son of My Father de Giorgio Moroder, évoqué par lui-même
- Le concert des Audio Bullys précédant celui de Daft Punk à Coachella 2006, même quelques secondes, je sais pas moi (et encore une fois, regardez la date de mon lien :))
- Dance, Dance, Dance de Chic, évoqué par Nile Rodgers
- Un vrai passage de TRON: Legacy où l'électronique et l'orchestral sont mélangés (histoire de se rendre compte de l'effet que ça peut procurer), parce qu'il se trouve qu'on l'entend pas du tout dans l'extrait de Flynn Lives qu'ils ont choisi. Vu qu'ils aiment bien le leitmotiv, j'aurais proposé End Titles (et je dis pas ça car c'est de loin mon morceau favori de la BO, non, pas du tout)
Sans parler des erreurs dans les crédits :
- Quand on voit Pete Tong mixer, ce n'est pas Harder, Better, Faster, Stronger qu'on entend mais Around the World / Harder, Better, Faster, Stronger
- Quand on voit les Daft jouer supposément à Coachella (en fait c'était au Summer Sonic 2006 mais bref), ce n'est pas Robot Rock toute seule qu'on entend mais Robot Rock / Oh Yeah!
- Quand on voit le groupe jouer One More Time / Aerodynamic supposément à Coachella, l'extrait provient en fait du Wireless Festival 2007
Ou des trucs pas crédités, en tout cas pas sur le moment, ils se sont sûrement dit que ça allait attendre le générique de fin :
- Daftendirekt
- Indo Silver Club
- Rollin' & Scratchin' à Los Angeles 1997
- Une publicité faisant référence au bug de l'an 2000
- Television Rules the Nation
- Le live supposé de Robot Rock / Oh Yeah! à Coachella qui était en fait au Summer Sonic 2006
Et comment oublier les anecdotes dont je suis apparemment le seul à y voir un intérêt, c'est vrai que c'était plus intéressant de montrer Kanye West dans son hôtel avec sa potiche ou Pharrell observant on ne sait quoi à la fenêtre :
- Ils se sont connus en section collège au lycée Carnot de Paris en 1986
- Le clip d'Around the World et sa formidable idée de faire représenter chaque instrument par un groupe de personnages (je me dis qu'il est possible que des gens ne le sachant pas n'aient pas fait le rapprochement et passent du coup à côté de l'intérêt du truc)
- L'histoire que raconte le clip de Da Funk, et que celui-ci a une suite en la personne de Fresh (mon morceau favori de Homework en plus ! :-()
- Darlin' tirait son nom d'une chanson des Beach Boys (surtout que dans l'extrait de l'article du Melody Maker, on voit clairement la comparaison faite avec la bande à Brian Wilson)
- Janet Jackson, une des stars que Daft Punk a refusé pour une collab, samplera plus tard Daftendirekt sur sa chanson So Much Betta
- « Discovery voulait rendre hommage à la pop des 70s-80s », oui, mais de quelle manière ? Par son nom (dans lequel les lettres D, I, S, C, et O se sont glissées) et l'usage de samples de morceaux et d'instruments de l'époque
- Lorsque la journaliste du Billboard blague en disant « On s'attendait à ce qu'ils fassent une apparition au prochain concert de Kanye West », la référence aux Grammy Awards 2008 est évidente
- More Spell on You d'Eddie Johns, samplée sur One More Time, fut produite par... Daniel Vangarde (oui, on parle bien du même)
Je n'ai finalement apprécié que les premières minutes, notamment l'anecdote concernant Rollin' & Scratchin' (je ne pensais pas que c'était en live que Thomas avait trouvé ça), les extraits d'interviews de Thomas, Guy-Man, et Pedro, l'intervention de Leiji Matsumoto, et l'anecdote de Giorgio Moroder sur le morceau qui lui est consacré dans le dernier album du duo (ils ont utilisé trois micros de trois époques différentes pour représenter trois passages dans la vie de Moroder).