Banlieue-land
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La caméra d'or au festival de Cannes 2016, croulait sous les éloges des critiques. Lors de la remise du prix, le discours de sa réalisatrice Houda Benyamina avait enflammé la croisette et son "T'as du clito" en conclusion, résonne encore dans les esprits. C'est avec une belle réputation et une grosse attente, que le film est enfin sorti sur nos écrans fin août
Malgré une très forte envie de le voir, j'ai pris mon temps pour éviter d’être déçu. C'est le navet Blood Father qui a ouvert les hostilités lors du mercredi 31 août, suivi du surprenant et impressionnant Nocturama. Les avis positifs défilaient devant mes yeux sur twitter et l'appréhension devint plus grande. Pour calmer à nouveau le jeu, j'ai fait un tour dans le Dernier Train de Busan, avant de faire un beau détour par le Texas de Comancheria. Après ce dernier voyage, mon esprit était enfin prêt à affronter les Divines.
La première apparition de Dounia (Oulaya Amamra), emmitouflée sous une tonne de vêtements pour masquer sa féminité, est un enchantement. La rose brille déjà sur le bitume en ce lieu où transpire la précarité. Je suis sous le charme de sa voix, de ses traits, de son énergie et je vais vibrer avec elle, jusqu'à ce que le clap de fin nous sépare. On va faire sa connaissance et découvrir son univers où le soleil ne semble pas vouloir apporter un peu de sa chaleur sur son doux visage. Son amitié avec Maimouna (Déborah Lukumuena) est très forte, elles ne peuvent respirer l'une sans l'autre. Mais Dounia voue une admiration envers Rebecca (Jisca Kalvanda), la caïd du quartier et veut; comme elle; palper des billets pour avoir la belle vie.
Pour un premier film, c'est une sacrée claque. Houda Benyamina impressionne par sa mise en scène. Son oeuvre est brut, voir brutale. Elle fait briller sa petite sœur Oulaya Amamra, dont la performance est époustouflante. Le talent coule dans leurs veines, devant et derrière l'objectif. C'est visuellement maîtrisé, la caméra passe de la luminosité de la rue puis d'une classe (pour une scène hilarante avec la mort du respect), à une ambiance glauque dans l'obscurité d'un bar. Un lieu différent, où l'humeur est changeante en nous faisant passer du rire à l'angoisse, voir les larmes. La vie de Dounia n'est pas des plus calme. Elle est en colère, face à sa professeure, puis sa mère, bref contre le monde entier et ne trouve qu'un peu de répit auprès de Maimouna, mais surtout en observant Djigui (Kevin Michels) du haut de sa cachette surplombant la scène d'une salle de spectacle. Dans la violence de sa vie, la danse semble calmer sa rage. Elle va apprendre à accepter sa féminité, tout en continuant à jouer avec le feu.
Ce n'est pas un film féministe, ni sur la banlieue, mais sur la précarité. Certes, les hommes sont des larbins où des objets sexuels et alors ? Le film s'appelle Divines et parle des femmes, donc cela semble logique qu'ils soient relégués au second plan, non ? Bien sur, il y a des contradictions avec le fait que la seule porte de sortie fiable provienne de la main d'un homme, à croire qu'elles ne peuvent s'en sortir seules, mais n'est-ce pas réciproque ? On ne sait pas vraiment quel est l'avenir de chacun, où du moins, presque. Leurs rapports sont violents, que ce soit avec la famille, la police, les hommes et l'argent. Rien n'est acquis et tout se gagne dans les cris et le sang. Elles n'ont pas le droit de montrer leurs faiblesses et pleurent dans la pénombre de leurs chambres. L'argent facile est une utopie, comme la vie de rêve vendue par la caïd à travers ses vidéos de vacances en Thaïlande.
C'est une foule d'émotions qui va nous assaillir durant toute la séance, jusqu'au retour de flamme, nous laissant dans un état de détresse absolue. On ne sort pas indemne de cette histoire. On passe du rire aux larmes, face à la vie de Dounia et Maimouna. C'est une expérience à part, d'une énergie folle. Il y a des facilités, voir clichés, mais cela reste un premier film et j'attends le prochain film d'Houda Benyamina avec impatience.
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Créée
le 17 sept. 2016
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