National Lampoon est, à la base, un magazine humoristique américain, qui fut publié de 1970 à 1998. Il n'arrive pas à la cheville du vénérable Mad, mais a connu une véritable colonisation de presque tous les supports culturels existants.
Le cinéma n'y faisant pas exception, en s'inscrivant pleinement dans le manteau du teen-movie calibré pour l'adolescent : des étudiants qui ne pensent principalement qu'à faire la fête et à flirter. Et pour cause, ce manteau, c'est en partie National Lampoon qui l'a tricoté avec le vénérable Animal House House, co-écrit par Harold Ramis avec un John Beluschi déchaîné. Autre succès majeur que je retiendrais, c'est celui de Van Wilder en 2002 et son charismatique personnage principal incarné par Ryan Reynolds assisté de Kal Penn qui ont depuis fait les carrières que l'on sait.
Autant de films à l'humour parfois bas du front mais qui sont autant de plaisirs régressifs, pour ceux qui arrivent à se démarquer parmi la dizaine de films ou de direct-to-dvd produits. Parmi tant d'autres des productions "National Lampoons", en 2003 est sorti Dorm Daze, entièrement composé de petits acteurs dont aucun n'a percé depuis.
Ne partez pas tout de suite. Le sypnosis que vous trouverez sur internet ou à l'arrière ne respire pas l'intelligence, puisqu'un ami décide d'offrir à son camarade encore puceau une nuit avec une prostituée. Non, non, restez. C'est bien plus que cela.
En effet, ce que ne dit pas la jaquette, c'est le rythme du film. Au début du film, la plupart des personnages vous sont à peine présentés et des situations qui se sont passés avant le film sont évoqués. Le spectateur en est quitte pour se demander s'il n'a pas manqué un film ou s'il n'arrive pas au milieu de la saison d'une série pour adolescents. Et pourtant, non. Pas de scène classique d'introduction, vous n'aurez ainsi pas le traditionnel étudiant qui vient d'arriver et qui découvre la vie du dortoir, cadre du film. Le spectateur arrive donc comme si la vie des étudiants ne s'arrêtait pas, ce qui joue sur l'intérêt qu'on apporte aux personnages.
Dorm Daze joue énormément avec ses personnages. Avec son casting d'une dizaine de personnages principaux, il n'y en a aucun qu'on ne voit pas pendant plus de dix minutes. Cette effervescence repose sur le script du film. L'histoire de la prostituée n'est qu'un détail, parmi tant d'autres, car tout le film repose sur plusieurs quiproquos qui s'éloignent pour se rejoindre.
Car oui, tout le film est un gigantesque vaudeville, où les gens se croisent, se méprennent plus qu'ils ne se comprennent avant de repartir vers l'objet de leur désir qui, entre temps, aura probablement changé de main. Il n'y a pas de discours véritable sur l'adolescence et le passage à l'âge adulte comme dans un teen-movie mais, que les amateurs se rassurent, vous aurez bien un plan seins (pas du meilleur effet, hélas), de jolies filles et de l'humour pas très subtil.
Alors certes, croiser un teen-movie au vaudeville, le résultat ne brille pas par la profondeur de son scénario. Les différents acteurs n'ont pas une très grande expérience, mais certains, comme l’envoûtante Cameron Richardson et le gaffeur Tony Denman se démarquent. On trouve même une petite francophone, Marie Noelle Marquis, ça ne s'invente pas. Mais, finalement, tout ce petit monde reste attachant, les personnages n'étant pas trop caricaturaux, surtout pour le genre. Mis à part le couple de bimbos mais ridiculisés par leur bêtise, vous pourriez presque les croiser dans un vrai dortoir. Attention néanmoins, ne regardez pas le film avec son doublage français, cette fragile alchimie pourrait en prendre un coup.
Alors oui, c'est peut-être un peu vain, mais au-delà de la surprise initiale, on trouve un film aux personnages attachants dans un film au rythme soutenu. Une comédie qui s'apprécie l'esprit détendu, et une nouvelle fois une bonne découverte estampillée "National Lampoon" qui, évidemment, a pressé le jus après un bon succès commercial aux Etats-Unis avec une suite et un spin-off, tous deux hautement recommandables dans cette même veine .