Fort de quelques courts-métrages et de quelques épisodes TV, Steven Spielberg s'attaque à son premier long-métrage, tourné sous forme de téléfilm pour Universal. Sorti chez nous en salles, Duel s'avère être un summum de l'angoisse où le mot "suspense" est mis ici à sa juste valeur. Une histoire aussi simple que terrifiante où un simple automobiliste pressé va s'attirer les foudres d'un camionneur sans visage qui va le poursuivre sur les routes du désert américain dans une course effrénée.
Tout droit sorti d'une nouvelle de Richard Matheson, le scénario regorge de moments forts et de séquences mémorables renforçant la paranoïa de David, notre héros (son arrêt empli de malaise dans le restau-route). Spielberg arrive constamment à maintenant un suspense palpable, nous plaçant ingénieusement à la place du héros, détestable dans les premières minutes du film, puis finalement attachant en victime sans aide aucune à l'horizon.
À la fois survival étouffant et thriller inventif, Duel prouve que le futur réalisateur des Dents de la Mer arrivait déjà à instaurer une atmosphère pesante sans forcément montrer quoique ce soit, jouant sur les nerfs du spectateur grâce à une habile mise en scène et un sens du rythme imparable. On notera également une maîtrise de l'action où, avec ses quelques moyens, Spielberg parvient à dynamiser un récit tenant sur un post-it. Terrifiant et hypnotisant, un chef-d’œuvre du genre.