Dans la section : "comment adapter en deux heures une saga littéraire qui en demanderait 4" après le Seigneur des Anneaux de Ralph Bakshi, le Dune de David Lynch est une tentative totalement bancale mais que j'aime bien à titre personnel (Fun fact : Frank Herbert, l'auteur du livre avait plutôt apprécié à l'époque même s'il regrettait les pouvoirs quasi-divin acquis par Paul a la fin du film)
Bon le fait qu'à l'époque j'avais maté ce film en cassette vidéo après avoir joué au jeu sur PC y est pour quelque chose : j'avais toute les bases pour comprendre cet univers, l'importance des personnages, de l'épice, des objets qu'on voit à l'écran et j'avais pas trop à m'embêter sur les concepts. Mais du coup en le revoyant en DVD avec ma copine je me suis aperçu à quel point il fallait que je fasse de l'explication en permanence.
Le monde de Frank Herbert est touffu et trop exigeant pour être résumé si vite, et pourtant c'est pas faute d'essayer : ajout de voix-off, simplification de l'intrigue, des pouvoirs, et des personnages (les harkonnens sont très gentils et les Atreides rappellent un peu la maison Stark dans leur respect des règles et du peuple.) Mais selon Patrick Stewart le film a connu un charcutage tel que chaque acteur à eu au moins une scène coupée.
Du coup on a au final un film compréhensible (surtout à côté des autres films que pondra Lynch) mais il faut bien s'accrocher, d'autant plus qu'a bien vouloir planter la situation, la première partie du roman (jusqu'à la chute de la maison Atreides) s'écoule sur une heure et demi et le reste est torché dans la demi-heure restante, Paul acquérant des pouvoirs tous plus pétés les un que les autres quasiment sans discontinuer. Hop, un petit duel contre Sting et emballé c'est pesé.
Mais j'aime bien cette tentative surtout parce que ce film ne ressemble à rien de connu : c'est parfois poétique, avec une touche d'onirisme dans son traitement (c'est Lynch quoi) et c'est parfois totalement grotesque : les Harkonnens sont dégueulasses, les costumes sont étranges et il y a des allusions sexuelles partout (entre les vers-bites et les navigateurs qui ont un vagin sur la bouche) et un rapport au corps assez Cronenbergien.
Idem pour les effets qui ont suffisamment vieillis pour ne ressembler à rien de ce qu'on ferait actuellement.... ce qui leur donne un cachet étrange (je pense à ces boucliers de force qui font des gros carrés bizarres.) Rien ne ressemble à Dune et c'est ça qui est chouette.
Niveau casting, pour un amateur de série c'est le pied puisqu'il met en scène Jean Luc Picard de star trek : the next génération (engagé par erreur : Lynch voulait contacter un autre Patrick Stewart) et Al Calavicci de Code Quantum qui sont potes avec l'agent Dale Cooper de Twin Peaks. Avec Sting en guest improbable qui domine chacune de ses scènes sans forcer même lorsqu'il est en slip et Max Von Sydow qui aura joué dans TOUT. Sans parler de Toto et Brian Eno à la musique. (Même si au final elle ne sera pas aussi mémorable à mes yeux que la B.O. du jeu vidéo.)
Bref, je ne sais pas comment va être la version de Denis Villeneuve et j'espère pour lui qu'elle réussira bien mieux à retranscrire les subtilité du roman. Mais si elle devient la version de référence, je garderai toujours de la sympathie pour cette tentative étrange issue des années 80.
PS : Et je n'ai pas de regret que la version Jodorowski ne se soit pas faite : le connaissant ça aurait donné un truc incompréhensible et bordélique. Il a bien fait de recycler ses idées pour la transformer en l'Incal, sans doute l'une de ses meilleures bds.