Cette adaptation du best-seller mythique et foisonnant de Frank Herbert est une fable futuriste audacieuse, un récit initiatique artistiquement superbe, mais qui fut un retentissant échec critique et public en 1984, où David Lynch n'a sans doute pas maîtrisé entièrement le sujet. La secte des adorateurs du roman lui a majoritairement reproché le traitement infligé à ce livre culte de la mystique interplanétaire. C'est un film qui a pourtant des qualités : une invention visuelle étonnante, des décors insolites, une imagerie fascinante, une atmosphère envoûtante, de nombreux personnages incarnés par un casting prestigieux (pas de stars mais des acteurs tous au diapason), et une musique inoubliable du groupe Toto. Lynch aura en effet eu le mérite d'avoir inventé un univers visuel surprenant et fantastique, et d'offrir un décor à cette épopée messianique qu'il avait qualifié lui-même lors de la promo du film, d' "opéra mental". Mais s'il démarre très fort avec un bon début, il s'enlise vite dans une intrigue confuse, hermétique et une réflexion métaphysique un peu trop appuyée. En dépit de ce sentiment de déception, on oublie difficilement ce monde incroyablement déconcertant avec ses noms étranges qui résonnent dans l'esprit (Arrakis, Bene Gesserit, muad'dib, et autre Kwisatz Maderach...). Un spectacle baroque qui pour moi fut moins rasoir et moins prétentieux que le 2001 de Kubrick (sans vouloir faire de peine aux fans de ce film), mais beaucoup trop touffu et trop complexe. Cependant, après la déception de la version de Denis Villeneuve en 2021, j'ai revu cette version de 1984 en me disant qu'elle n'était pas si mal, bien qu'imparfaite, et je l'ai réhabilitée.