En matière de culture, j’ai une certaine éthique que d’aucuns pourraient considérer comme de la pathologie encyclopédiste : quand j’aime vraiment un auteur, un cinéaste, un musicien, je m’intéresse à toute sa carrière. Elle en dit beaucoup sur son parcours, ses choix, et retrouver une individualité forte, une singularité dans un ratage ou une perdition de ses années noires a toujours quelque chose d’intéressant.
Je me replonge dans Lynch depuis quelques mois. A l’exception de Twin Peaks et Elephant Man, j’avais déjà tout vu il y a fort longtemps. Les choses sont réparées, et pour le meilleur. Restait Dune.
Bon, même avec la meilleure volonté du monde, ce fut vraiment une épreuve. Je suis fier d’avoir tenu jusqu’au bout, comme Paul ne retirant pas sa main de la boite que lui tend la prêtresse de trucmuche.
J’avoue que le Space Opera, je ne suis pas très client à la base. Je regrette d’ailleurs de n’avoir jamais eu le courage d’attaquer au moins une série de livre, mais le temps me manque et je crois que je suis un peu Murtaugh, trop vieux pour ces conneries. Je pense que les œuvres d’Herbert ou de Simmons ont vraiment de l’intérêt. Mais pour revenir au film, il combine tout ce qui me fatigue dans la SF : en gros, tout est possible, plus les noms font polyglotte, mieux c’est, c’est condensé au point qu’on ne saisit pas tout (surtout au début), et en ce qui me concerne, pas la moindre once d’émotion ne se dégage de ce fatras.
Bon, inutile de tirer sur l’ambulance des effets spéciaux de 1985. C’est d’une laideur sans nom, on oscille entre un épisode de Power Rangers et Tron 1ère version, c’en est embarrassant. Exception notable, les vers géants sous le sable qui occasionnent de belles séquences (avant qu’on ne se mettent à les chevaucher…)
Et Lynch, dans tout ça ? A quelques éléments près, difficile de le retrouver. A la future red room de Twin Peaks, on peut opposer la Green du Baron, (un sosie de Coluche, en roux, avec des pustules, beau programme pour un méchant), et la thématique des orifices reste bien présente : cousu chez les méchants, dilatés chez les bestioles dont j’ai oublié le nom. Plus pénible encore, le recours constant à la voix off, sorte de télépathie pathétique qui explique ce qu’on voit, et les séquences de rêve redondantes sur l’avènement de l’Elu (là aussi, si la SF pouvait faire des efforts en matière d’originalité…)
Bon, ça reste très drôle tout de même : des ersatz de Jabba the Hutt chient des planètes, Sting en string, et la musique de Toto, autant d’éléments qui justifieraient une soirée bière entre potes, mais pas ma vision pathologiquement encyclopédiste.
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