Avant la sortie d’Alita : Battle Angel (2019), j’ai voulu me replonger dans ce que j’ai toujours considéré comme une sorte d’adaptation non officielle de Gunnm : Elysium (2013). Enfin, si on ne peut pas exactement parler d’adaptation, les similitudes sont souvent troublantes : entre Zalem et Elysium, entre la Terre et la Décharge, entre Max (Matt Damon) et Hugo —parfois même Gally—... Bien que Neill Blomkamp, scénariste et réalisateur du film, jure n’avoir jamais lu le manga.
Ce qui est sûr en tout cas, c’est que le film porte la patte du Sud-Africain. On retrouve sa thématique de prédilection —le fossé entre les riches et les pauvres—, la caméra épaule réaliste et l’ambiance crasseuse et poussiéreuse de District 9 (2009), le design des robots de Chappie qui sortira en 2015, et son acteur fétiche Sharlto Copley. Mais si District 9 avait été un véritable OVNI (dadum tss) à sa sortie et a durablement marqué le cinéma de science fiction, force est de constater qu’Elysium est un blockbuster beaucoup plus lisse et convenu.
La faute en incombe, je pense, à l’écriture. Les personnages sont tous assez caricaturaux et généralement peu intéressants, et la fable sociale est finalement assez grossière : il suffit d’appuyer sur un bouton pour partager les richesses et sauver la planète. Ça ne casse pas trois pattes à un canard.
Et la séquence de fin, du sacrifice christique du héros jusqu’à la rédemption de la Terre, est un tire-larme exaspérant.
Bon, mais qu’en est-il de la valeur d’Elysium comme divertissement ? Encore une fois, le constat me semble bien mitigé. Si j’aime beaucoup le début du film, le troisième acte m’a franchement ennuyé. Il s’agit du passage obligé dans l’action bourrine, pas palpitante car entre autres mal filmée. Si l’usage de la shaky cam par Blomkamp est parfaitement justifié en général, s’en servir pour tourner des scènes d’action est extrêmement délicat. Et Neill nous sert une bouillie insipide et illisible.
Quelques mots enfin sur les performances des acteurs. Matt Damon et Alice Braga font le job sans être particulièrement incroyables. Sharlto Copley est complètement en roue libre, mais a l’air de s’amuser comme un petit fou (tant mieux pour lui). Mais celle qui sauve en partie le film, sur des considérations parfaitement subjectives, est Jodie Foster. Elle a une classe incroyable, parle à quelques reprises un français excellent, et est malheureusement trop rares sur les écrans.
Bref, si Elysium est un film que j’ai vraiment envie d’aimer —à cause de Blomkamp, de Foster et de Gunnm—, je ne peux être que déçu du résultat. Il reste une sorte de petit plaisir coupable, au moins sur ses deux premiers tiers. On préféra plutôt District 9.