Comme toujours la meilleure partie – disons la moins pénible – c'est le tout début : quand on suit la vie quotidienne du héros, ses habitudes qui sont les nôtres dans un monde qui est le nôtre mais pas tout à fait. On peut s'amuser à repérer les petites trouvailles des graphistes et des décorateurs, les mises en application imaginative des nouvelles technologies, tout l'arrière-plan prêt à fourmiller d'idées.
C'est toujours amusant car cette vision qui ne sont que des extensions de notre propre présent sont probablement totalement à côté de la plaque. Souvenez-vous de ces gravures du XIXe et début XXe siècle. Ils vont bien rigoler dans le futur !

Amusant à tout le moins quand il y en a un minimum de travail derrière. Car Elysium reste très classique de ce côté-là et ne brille absolument pas par l'originalité, autant dans son fond à base de dichotomie verticale simpliste que dans le design qui, tout en reprenant les acquis de D9, jouera du fade contraste de mini-Transformers rouillés par le sable de favelas fadasses et de design Apple aseptisé. Vite désigné, vite oublié.

Oui, parce que ce n'est pas du côté du fond ou de l'intrigue qu'on va trouver de quoi se rassasier. Dans l'habituel monde des gentils pauvres parqués en bas | des méchants riches en polos en haut, on déplie le sempiternel origami du film d'action. C'est-à-dire péripéties et contre-péripéties jalonnées de temps morts jusqu'à l'empyrée de la scène finale. (qui en plus ici est terriblement molle et exploite à peine ses décors.)
Ce qui était une séquence sympathique de geekerie à la fin de District 9 devient ici système ennuyeux. On se demande bien à quoi sert le très vilain meccano-squelette et pourquoi ils lui ont vissé sur son t-shirt tout crade. Sans doute histoire d'ajouter une belle infection au cancer généralisé. On a alors de longues, longues, séquences boum-boum épileptiques. Balles explosives, champs de force, drones et tout le tintouin. Un sabre mais pas laser. Même dans les angles de caméra, on a l'impression de jouer à Gears of War.

Pendant ce temps-là, en haut, dans l'Anneau-Monde, on a une sorte de micro-saison de 24 Heures Chrono où la méchante chef de la Celestial Intelligence Agency prépare un coup d'état pour renverser le président probablement néo-Démocrate car les Mexicains-Terroristes de la Terre sont à leurs frontières et qu'il est vraiment trop trop gentil (enfin moins méchant que la méchante). Ca ne se cache même pas avec les images satellites et le "Homeland" jeté comme une chevelure de comète dans la soupe. Sans Chloé mais avec un antagoniste agaçant ça perd grandement de sa saveur cette chasse à l'homme.


Faut dire aussi, dans ce genre de film à plus ou moins gros budget et à velléités d'actionner explosif, dystopie, genre en soi déjà limité, rime souvent avec courage, amour & sacrifices ; par essence, ça a du mal à ne pas être bancal. Exploiter son background ? Elargir un propos au-delà du manichéisme primaire ? Ne pas s'appuyer sur les mêmes figures de carton-pâtes ? Nope, on élude la question !
La mode est aux genèses de superhéros, pourtant l'on continue de crouler sous les chutes de Diktat, par la grâce d'un seul péquin. On comprend, c'est moins déprimant de toujours retrouver l'Arcadie en quelques heures plutôt que de montrer les remous d'un véritable soulèvement où rien n'est si simple. Il faudrait relire l'Histoire, ça sera probablement pareil dans deux siècles.

Mi-figue mi-raison – on sent vaguement un décalage entre le début, ce héros blasé qui découvre qu'il ne veut pas mourir, pas s'enquiquiner à sauver une suricate qui n'est pas de lui, pas rejoindre une princesse sur son balcon orbital, pas libérer les opprimés, juste ne pas clamser, et toute la seconde partie qui vient détruire ce bien peu de finesse comme un hippopotame dans un magasin de porcelaine.
Nushku
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le 12 nov. 2013

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Nushku

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