Soyons honnêtes, sans ambiguïté aucune, sans hypocrisie : l'histoire sensément originale imaginée par Kurt Wimmer est celle de "1984" de George Orwell, quelques passages en moins, d'autres en plus, et beaucoup d'action pour maquiller le tout. Soit. Ceci dit, le scénariste-réalisateur arrive à passer outre le plagiat en proposant un univers visuel plutôt bien rendu, le monde futuriste intensément clean inspiré par Bienvenue à Gattaca ou encore Matrix ainsi que la multitude de plans léchés et de gunfights clippesques apportant une dimension plus personnelle à ce scénario exempt d'originalité...
Car personne ne sera étonné de voir en Equilibrium une nouvelle version de l'histoire imaginée par Orwell avec cette société utopiste contrôlée d'une main de fer par un maître/gourou omnipotent interdisant donc toute émotion et attachement à quoi que ce soit. Pour entretenir cette nation parfaite qui lutte avec efficacité contre des rebelles émotionnels, le gouvernement lâche des Ecclésiastes, véritables machines à tuer pratiquant le gun-kata, un art martial aussi élégant que destructeur visant à éliminer sans bavure ces ennemis anarchistes.
Tous sont donc sous l'emprise d'une drogue essentielle qui neutralise les émotions, chose que va oublier de prendre l'Ecclésiaste John Preston (Christian Bale, ou la classe incarnée), mélange de Neo et Patrick Bateman, qui va découvrir que la vie qu'il mène et combat est en réalité futile. Pour son deuxième passage derrière la caméra après un téléfilm baignant encore aujourd'hui dans les oubliettes du nanar, Kurt Wimmer nous livre donc un film visuellement époustouflant à défaut de servir un scénario vraiment impressionnant, l'intrigue devenant au fur et à mesure prévisible mais néanmoins plaisante.
Qu'importe, l'esthétique renversant du film et les nombreux face-à-face dantesques mélangeant arts martiaux et gunfights chorégraphiés nous en mettent plein la vue, valorisant à eux seuls une œuvre d'anticipation rejoignant finalement ses aînés tels Soleil Vert et Fahrenheit 451. Ainsi, sans être vraiment surprenant, Equilibrium conserve le mérite d'être foncièrement réussi sur le plan visuel et arrive à garder sa trame intacte du début à la fin.