Everly
4.7
Everly

Film de Joe Lynch (2015)

(Micro Critique Flash à chaud, redigée à 6h du mat, forme à revoir)


"Ma chéwie, yé vou lé buzz que tou as fait avec ta robe ultra plongeanté à Cannes, c'étéou magnifaique! Alowe yé t'ai écwit une filmé en cinqué minoutes pendant que yé mangeais una tortilla, ça séra lé nuevo Kill Bill! Yé t'explique: ça s'appelle Everly, t'y es una pouta enlévée dé force par des yakousas qui décidé dé mounter una opérazion avec la poulice pour les faire toumber y rétrouver su hija, mais ça si passé pas commé prévou! Ty va vouir le message de fond es muy féministe, tou vas descendré una farfadelle d'hommes avec facilidad mais les autres poutas qui habitent dans le même édificio séront plous coriaces! et y aura dou sang, beaucoup dé sang, la critique ciné dira qué c'est muy subversif"


J'me demande si ça n'a pas été produit par Europa Corp...


J'ai beau être sous le charme de Salma Hayek depuis le premier Desperado et Une nuit en enfer (et l'avoir croisée à Cannes il y a une quinzaine d'années, mais c'est une autre histoire), ce film ne tient pas UNE SECONDE la route, c'est bourré d'incohérences et de contradictions, prouvant que ça a été mal préparé, voire improvisé au fil du tournage ou pire, transformé pour satisfaire les exigences/recommandations de Salma sur le plateau...
Le problème le + flagrant étant la condition de l'héroïne: dans une scène, c'est une femme comme une autre, apeurée et larmoyante, qui tient à peine un flingue droit et survit grâce à une succession de coup de veines stupéfiants, dans une autre, c'est black mamba, tueuse professionnelle ultra qualifiée, et dans une autre, c'est un T-800, qui balance des punchlines en flinguant tout ce qui bouge au lance grenade sans le moindre état d'âme... Et je ne parlerai même pas de la balle qu'elle se prend dans le bide au TOUT DÉBUT du film et qui ne la ralentit même pas une seule seconde jusqu'au dénouement de l'intrigue... C'est pas parce que t'as pris 2 ou 3 cachetons d'antidouleurs que tu peux écrire une rédaction de 4000 mots avec une fracture ouverte de l'avant-bras, quoi!


Et ça continue comme ça avec une accumulation d'inconsistances du même genre qui, prises indépendamment pourraient faire dire "ça va, c'est un film à la con, ça passe!" mais qui au bout d'une heure trente, forment un tas que l'on ne peut plus ignorer et mettre sous le tapis...


Cette scène où tous les téléphones sonnent et où elle se met à hurler en tout début de film est tellement mal amenée avec, pour ne rien arranger, la caméra qui tourne autour d'elle: le cliché ultime et surexploité pour mettre en scène la femme fragile et vulnérable qui perd pied... Femme fragile qu'elle ne sera plus en un claquement de doigts quelques plans plus tard... C'est l'affaire de quelques minutes... Le truc qui aurait pu à la limite passer au milieu du film... Mais pas dans les 5 premières quand on a aucune affinité avec l'héroïne, ça n'a aucun sens et le spectateur s'en contrefout... On se croirait dans un court métrage tellement c'est précipité.
Pourquoi tu joues les femmes terrorisées quand tu découvres que ton flingue est vide comme si c'était la première fois que tu touchais une arme, au fait? Deux secondes plus tard, t'as pas l'air d'avoir trop de problème à dézinguer 5 mecs et 3 putes à l'uzi et à la grenade... T'es une experte ou pas? Faudrait savoir...


Et puis le temps est tellement mal géré...


Sa petite séance de ménage, elle a duré 20mn ou 3h? Non, mais parce qu'on a l'impression qu'elle a mis moins de temps à cacher une dizaine de corps (1 semble même découpé en morceaux), un nombre équivalents d'armes, à éponger le sang et à ramasser les débris que moi pour prendre une douche... Douche qu'elle prendra aussi dans le même laps de temps d'ailleurs... Et tout ça sans donner l'impression d'agir dans la précipitation...


Pour ne rien arranger, on sait parfaitement que personne ne veut faire de mal à la Jolie Salma et que, de ce fait, plus la situation semble dramatique, et moins elle risque grand chose...


Quelqu'un a vraiment cru qu'elle allait être défigurée par le Sadique et le Masochiste?


Après, bon, il y a tout de même 2 ou 3 actions intéressantes et des séquences parfois assez esthétiques qui pourraient faire penser à un jeune réalisateur prometteur qui veut faire ses preuves (ce qui ne semble pas être le cas ici en regardant le CV plutôt chargé de Joe Lynch):


Je pense notamment à un plan qui était il me semble dans le trailer où elle jette une grenade dans un ascenseur bourré de monde qui explose quand les portes sont quasiment fermées, vaporisant une giclure de sang tout le long de l'interstice.


et puis, ça me fait toujours plaisir de voir dame Hayek sauter dans tous les sens en body et jean moulant (50 ans, toujours aussi canon), mais au final, n'attendez clairement pas un chef d'oeuvre, ça ne frôle pas même du petit doigt les 2 longs métrages de Tarantino... Fallait pas trop en demander au réalisateur de détour mortel 2, en même temps...


Bref, pour Hollywood, un projet à 10 millions n'est pas loin d'entrer dans la catégorie "film indépendant", mais ça reste un peu cher pour miser sur un divertissement dont l'essentiel du scénar n'a pas dû demander plus d'une après midi de boulot.... À ce prix là, la moindre des choses, c'est d'au moins avoir une trame et des persos bétons (comprenez que vous devez savoir si votre héroine appartenait à une milice colombienne ultra violente ou si c'est une californienne enlevée pour servir d'amuse gueule à des yakuzas) et ne pas se précipiter bêtement en se disant "ça, on verra plus tard!"...


Plus l'intrigue avance, moins on sait si le film veut être (plutôt) pris au premier degré ou comme une blague à la Machete...

Créée

le 20 août 2017

Critique lue 208 fois

AldoFdnc

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