Forced Entry
4.4
Forced Entry

Film de Shaun Costello (1973)

Quand « Prendre sa bite et son couteau » prend tout son sens...

Forced Entry (1973) est le premier long-métrage de Shaun Costello, réalisé sous le pseudonyme d’Helmuth Richler. A mi-chemin entre la pornographie et le thriller horrifique, le film a été réalisé aux balbutiements de la pornographie. Aux prémices de l’âge d’or du cinéma pornographique, juste après Gorge Profonde (1972) & Derrière la porte verte (1972), le film est ce que l’on pourrait appeler un « proto-porno ». Shaun Costello n’avait clairement pas l’envergure ni les épaules pour pleinement réaliser un film porno, oscillant sans cesse entre l’horreur et le porno… amateur.


Pourquoi amateur ? Parce que l’on ne cessera de voir pendant près de 85min, l’ombre du caméraman et du perchiste sur les comédiens (!) lors des gros plans, quand ils n’apparaissent tout simplement pas dans un miroir au détour d’une scène. Ajoutez à cela, qu’il ne se passe pas un plan sans que l’on ne voit pas la perche dans le champs. Et qu’on le veuille ou non, il n’est pas donné à tout le monde de savoir réaliser ou mettre en scène des parties de jambes en l’air. Filmé en Super8 ou en Super16, l’objectif effleure les comédiens, notamment lors de certaines scènes où l’on sent l’amateurisme dans les cadrages (on a même droit à une éjaculation frontale involontaire sur la lentille de la caméra, c’est dire si le caméraman était trop près…).


Avec ce premier film, Shaun Costello a voulu parler de la guerre du Vietnam et des ravages qu’il en découle. En y traitant du fameux syndrome TSTP (Troubles Stress Post-Traumatique), en mettant en scène un ex-soldat reconverti en pompiste et qui doit jongler entre sa vie de tous les jours et des images d’horreur du Vietnam qui viennent le hanter. On le voit déambuler dans les rues de New-York en suivant ses proies (toujours des femmes seules, qui auront eu le malheur de croiser sa route à la station-service).


Shaun Costello utilise des stock-shots de la guerre du Vietnam, qu’il alterne avec des plans qu’il a lui-même tourné dans les rues de la grosse pomme. Il met en boite des scènes de sexe sans réelle inventivité (les scènes de viols sont d’une longueur assommante) et dont la B.O. réserve parfois quelques surprises (imaginez une pénétration anale sur fond de flûte de pan ou de musique classique). Le réalisateur ne nous épargne rien et filme en gros plan des scènes de viols, qu’il prend soin d’entre-couper par des images du Vietnam. Une mise en scène choquante mais qui ose et pousse à la réflexion.


C’était particulièrement osé pour l’époque, rappelons tout de même que ce film a vu le jour bien avant Taxi Driver (1976), Voyage au bout de l'enfer (1978), Apocalypse Now (1979), Maniac (1980), Combat Shock (1986) ou encore Rambo (1982).


A noter que dans le rôle-titre, on retrouve un certain Harry Reems, acteur pornographique que l’on a pu voir dans le rôle du Dr. Young dans Gorge profonde (1972) ou encore dans Adorables salopes (1985). Si la carrière de Shaun Costello reste plus ou moins discrète auprès du grand public, on lui devra tout de même d’autres titres tous plus ou moins explicites tels que Teenage Nurses (1974), Slave of Pleasure (1978) ou encore Water Power (1976) qui narre l’histoire (aussi bien sordide qu’improbable) d’un serial-killer qui ne se contentait pas seulement de violer ses victimes, il leur administrait aussi de force des lavements ! Tout un programme…


Forced Entry (1973) reste à ce jour un film choc et dérangeant, loin de l’image d’Epinal que l’on peut se faire des films pornographiques. Il n’y a réellement rien de beau dans ce film, rien d’esthétique non plus (les gros plans disgracieux, entre les bourrelets et les poils, les longs zooms sur les testicules pendantes, les bruits de pénétration, les répliques avilissantes, …). Ajoutez à cela, quelques mises à morts et des stock-shots qui ne s’y prêtaient pas (des images d’enfants morts ou des tirs de mortiers en parallèle aux plans de pénétration). On est clairement face à un film à ne pas laisser entre toutes les mains, un objet filmique comme seule la 42e Rue pouvait en offrir.


http://bit.ly/CinephileNostalGeekhttp://twitter.com/B_Renger


« J’ai la bite toute emmerdée !
J’ai de la merde plein la bite ! »


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le 28 sept. 2020

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RENGER

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