(1975. FR. : Frissons d’horreur. ITA. : Macchie solari. (Littéralement : tâches solaires)
Vu en VF…)
Rome, années 1970. Une vague de canicule semble frapper de plein fouet la capitale italienne entraînant une vague de suicides inexplicable. Simona (Mimsy Farmer), étudiante en médecine, travaille justement à la morgue et son sujet d’étude concerne les suicides… Elle est prise d’hallucinations et voit les macchabées se relever pour…forniquer ensemble ! Mais ses problèmes ne s’arrêtent pas là : elle éprouve les pires difficultés à avoir le moindre rapport sexuel avec son compagnon (Raymond Lovelock), la future femme de son père est retrouvée assassinée et le frère de celle-ci, le Père Lenox (Barry Primus) s’immisce dans la vie de Simona…
Bien qu’amoureux du cinéma de genre, et peut-être encore plus de la divine Mimsy Farmer, il m’est pourtant difficile d’être plus généreux avec ce film de Armando Crispino (Commandos avec Lee Van Cleef, disponible chez IndianaGilles) qui malgré un début prometteur s’enfonce ensuite dans une histoire assez banale sans trouver l’équilibre. Ainsi, dès le départ nous assistons à une série de suicides plutôt abrupte (un homme tue sa fille puis se retourne l’arme contre lui-même, un autre se met un sac plastique sur la tête avant de se jeter dans le Tibre…) avec simultanément des gros plans sur un soleil en fusion et surdimensionné puis aux fameuses visions d’horreur de Simona où des sortes de zombies copulent à même le sol de la morgue. Bien que datées, ces scènes conservent un pouvoir horrifique, d‘ailleurs les distributeurs du film proposaient à l’entrée des cinémas des masques noirs pour le public ne souhaitant point trop en voir ! Assez sensationnaliste et racoleur, Crispino nous fera également visiter une sorte de musées des horreurs alignant des images de monstruosités les plus diverses…
Le principal problème du film de Crispino (qui réalisa un autre giallo méconnu L’etrusco uccide ancora en 1972) est justement qu’il ne tient pas les promesses entrevues dans le prologue. Du film d’horreur, nous passons à un giallo machination des plus ennuyeux d’où heureusement surnage le couple Farmer-Lovelock, notamment lors des scènes d’amour où le malaise qui les touche nous gêne également. Bien que « so cool » le pauvre Lovelock n’arrive pas à détendre sa blonde (qui pour le coup arbore une teinture pas terrible…), même et encore moins avec l’aide de diapos pornographiques ! Et lorsqu’enfin le plaisir charnel sera partagé, la pauvre Simona ne verra plus ses morts-vivants la hanter mais la figure du Père Lenox sur lequel elle semble faire un transfert. Amour impossible, relation compliquée par la frigidité et les visions de la femme : des thèmes pour le moins intéressants, mais peu exploités finalement, qui demeurent les rares bons moments du film.
Crispino a la flemme…?
Le côté purement giallo de Macchie solari est malheureusement assez inintéressant (le film est d’ailleurs souvent présenté comme un film d’horreur), comme si le cinéaste se désintéressait de son histoire tout en abandonnant complétement et sans explications son soleil et ses suicidés. Tellement peu enthousiasmé par son histoire, Crispino finira, bien avant la fin, par nous dévoiler l’identité du tueur qui…nous la livre en se parlant à lui-même. Une révélation presque surprenante tant on avait du mal à voir où tout cela pouvait nous amener. A partir de ce moment, on en attendra désormais plus grand-chose…
Heureusement, Crispino (qui fut tout de même l’assistant réalisateur de Luigi Comencini et Pietro Germi dans les années 1950 et scénariste du très sympa western Tue et fais ta prière) est bien entouré et il convient de saluer la jolie photographie de Carlo Carlini (qui travailla entre autres sur Les vitelloni, La strada ou Colorado). Au niveau du casting, si Mimsy Farmer (La traque, Quatre mouches de velours gris, Le parfum de la dame en noir) et Ray Lovelock (La rançon de la peur, Tire encore si tu peux) assurent le job, les autres acteurs ne brillent pas spécialement. Mention spéciale toutefois à Ernesto Colli (Béatrice Cenci, Milan calibre 9, Torso) et sa tronche d’enfer, qui comme souvent joue un personnage, ici un légiste vicieux et pervers n’hésitant pas à tâter avec envie les cadavres des jolies demoiselles et à tenter sa chance avec la pauvre Mimsy qui l’éconduira à coups de bistouri ! Une des scènes les plus sympathiques de film par ailleurs…
Enfin, la partition du Maestro Ennio Morricone est plutôt réussie mais relativement discrète. Le thème principal, exquis, n’est utilisé que lors des scènes d’amour… En somme, un giallo qui commence comme un film d’horreur et finit en peau de boudin. Le début ne sera qu’un leurre et le rythme lent et ennuyeux du film finira de nous achever et c’est bien dommage, tant les thèmes évoqués auraient pu accoucher d’une œuvre pour le moins particulière, ce qu’elle demeure tout de même... A réserver aux fans aguerris du genre !
Le thème principal de la B.O. : https://www.youtube.com/watch?v=o9adV9FqCTs