Depuis les paroles positives de Mamoru Oshii à propos de cette production il y avait de quoi nourrir des doutes, car les mots ne correspondaient pas vraiment à ce que véhiculait son visage et l'histoire nous apprend que dans bien des domaines des propos trop positifs traduisent souvent l'inverse de ce que la personne pense...


Nombre de critiques ont du reste été adressées au film et on ne pourra pas s'empêcher de remarquer que certaines font douter du degré de connaissance qu'ont les personnes de l'univers de la saga lorsqu'elles n'évoquent qu'une adaptation du manga de Masamune Shirow. Ainsi va le monde de la critique...


En tant qu'adaptation, le film peut faire l'objet de différentes évaluations : pour lui-même ; par rapport à l'œuvre d'origine. Les deux seront envisagées successivement.


Major, je crois qu'on a un problème


Par rapport à l'œuvre d'origine et, notamment, le film de 1995, Ghost in the Shell déçoit. En bon représentant d'Hollywood, le film propose un produit simple à consommer et digérer, qui ne réclame pas une grande attention. L'intrigue proposée n'a pas grand-chose à voir avec le film de 1995 mais essaye malgré tout de placer ici et là différentes séquences du film d'animation (en plus de la musique qui revient à la fin). L'agencement n'est pas toujours optimal et donne l'impression d'un copié/collé un peu facile.


Le film joue aussi sur les clins d'œil à l'univers que ce soit à travers les vêtements du Major, son (très très bref) intérêt pour la gente féminine ainsi que différents éléments disséminés au fil des séquences pour finir sur la révélation de ses nom et prénom qui pourrait presque sembler anecdotique. On pourra aussi noter la présence du basset, race de chien qui n'est pas anodine pour qui connaît Mamoru Oshii. #LesVraisSavent


L'impression qui domine tient alors d'un certain inconfort. Si on retrouve certaines thématiques propre à Ghost in the Shell (l'homme et la machine quelle réunion ? Qu'est-ce qui fait que nous sommes un être humain ? L'humanité ne se dissout-elle pas dans la sphère virtuelle ?...), le film m'a semblé poser un problème central en tant qu'adaptation : ce dont nous parle Ghost in the Shell n'est-ce pas, à peu de choses près, notre réalité ? De ce point de vue l'aspect innovant, précurseur, qu'avaient le manga ou le film d'animation ne se retrouve pas ici.


La mémoire dans la peau


Intéressons-nous maintenant au film pour lui-même. Que peut-on en retenir ? Déjà que la thématique centrale autour de l'identité est traitée de manière claire. On pourra toujours chipoter et tancer le manque de finesse ou autre mais le Major résume clairement l'idée générale : l'humanité se définit dans et par ses actes. Ajoutons à cela différents éléments concernant le rapport au passé, les liens entre gouvernements et entreprises (spéciale dédicace à l'Afrique !), l'amélioration des corps permise par la mécanisation (Pimp my body!) des os à ronger et on a là une intrigue qui n'est pas forcément déplaisante mais qui manque d'intensité, a du mal à intéresser totalement le spectateur que je suis.


Côté visuel, les décors virtuels ne sont pas toujours du plus bel effet. Je pense particulièrement à la dernière scène où l'on voit un peu trop nettement que le personnage est devant un écran vert, la différence de rendu entre eux est trop flagrante. Dommage. Les personnages occupent aussi inégalement l'écran mais le film se signale au moins par le fait qu'il ne tente pas de rendre ses personnages cool/badass, etc. à grands renforts de punchlines plus ou moins inspirées. En revanche, on pourra trouver que le Major a un côté enfant boudeur qui n'est pas toujours du plus bel effet quand bien même son aura se développe au fil du film (voir notamment l'inversion dans son échange avec Aramaki entre le début et la fin).


Un point à noter : la présence de Takeshi Kitano en Daisuke Aramaki, le boss de la Section 9, apporte une touche supplémentaire japonaise et cela se traduit même dans le fait qu'il est le seul à parler japonais. Au demeurant très bien mais je ne vois pas vraiment la plus-value que cela apporte quand tous les autres personnages parlent une autre langue ? Personnellement j'y vois une limite dans la constitution d'un casting international et, à ce titre, je trouve cela très intéressant.


Est-ce si surprenant ?


Au fond, on pourrait dire que, de la même manière que le film de Mamoru Oshii n'a pas grand-chose à voir avec le manga d'origine tant il tient plus d'une réinterprétation que d'une adaptation, le film Ghost in the Shell n'entretient que de vagues liens avec les versions papier et animée. Il aurait pu s'appeler autrement que cela n'aurait, en définitive, pas été bien choquant. En somme, au fil des adaptations, la « traduction » de Ghost in the Shell nous éloigne un peu plus de l'origine. On pourrait y voir une manière de rendre hommage à la saga...

Anvil
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le 30 mars 2017

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Anvil

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