S'attaquer à un remake américain de Godzilla est non seulement osé mais surtout inconscient, l’œuvre originale étant tellement culte de par le monde. Mais quand on voit que c'est le bourrin Roland Emmerich qui est aux commande, on se dit que le spectacle risque tout de même d'être surprenant. Loupé ! Cette refonte part d'une bonne idée, est plus ou moins bien interprétée (Matthew Broderick est convaincant tandis que Jean Reno cabotine allégrement avec son passage Outre-Atlantique), possède son lot d'action et ses effets visuels réussis. Seulement voilà, ça ne prend pas...
La faute à un rythme inégal, une durée excessivement et inutilement longue (le film dure tout de même 2h20), de l'humour malvenu, surtout envers les Français encore une fois stéréotypés, et une créature peu emblématique. D'ailleurs, les nostalgiques ne toléreront pas (et c'est compréhensible) que la créature en costume devienne un monstre en images de synthèses. Et si le film original de Ishirô Honda proposait paradoxalement un message humaniste et une critique acerbe de l'envoi de bombes nucléaires, l'effet désiré aujourd'hui a bien disparu et le monstre géant a beau faire valdinguer les hélicos et écraser des voitures, il n'impressionnera que ceux qui n'ont jamais vu Jurassic Park.
N'oublions pas ce côté encore une fois bien américain de sauveurs essuyant les bourdes d'essais nucléaires commis par Jacques Chirac en 1995, oubliant qu'ils avaient eux-même balancés quelques bombes sur Hiroshima en 1945. Bref, une parodie tout au plus plaisante mais rapidement oubliable, ce remake étant une preuve de plus qu'il y a des films étrangers auxquels il ne faut pas toucher.