Ils, Death Sentence, Eden Lake... Ces quelques récents films ont habilement montré la jeunesse des années 2000 dans sa plus grande décadence, en proie à une violence inouïe, ne se rendant pas forcément compte de la gravité de leurs actes. Avec Harry Brown, son premier film, Daniel Barber nous immerge à son tour dans la haine juvénile à travers un long-métrage froid, sombre, glauque, corrosif, réaliste, magnifique. Sorte de Justicier dans la ville du troisième âge, Harry Brown est un ex-marine vivant dans un quartier hélas mal famé de Londres.
Il a ses habitudes et fait main basse sur les horreurs qui l'entourent, horreurs personnifiées en adolescents irrespectueux. Mais quand son meilleur ami tombe sous les coups de ces jeunes délinquants drogués jusqu'à la moelle et que la justice ne peut pas faire grand chose, Harry va se retrousser les manches et faire justice lui-même. Sanglant et sans pitié, Harry tombe lui aussi peu à peu dans une indifférence totale, à l'image de ses ennemis, ne comprenant pas les raisons futiles qui poussent cette jeunesse à tuer, à agresser, à se droguer, à gaspiller la vie.
Et c'est à travers ce message réaliste que le metteur en scène anglais nous présente son film, un poids lourd aussi percutant que discret, filmé avec brio et simplicité. Une musique sobre, une lumière soignée à la perfection, une excellente interprétation (Michael Caine, comme à son habitude magistral), des scènes-choc ne tombant jamais dans l'excès... Harry Brown est une perle rare dans le film noir, un film noir avec un message positif, une belle claque dont on ne ressort pas indemne.