Premier opus d'une saga qui aujourd'hui compte six films officiels, Il était une fois en Chine retrace l'histoire de Wong Fei-Hong, personnage historique ayant vécu entre 1827 et 1924 et qui s'est battu contre divers brigands ainsi que les britanniques et américains qui se sont immiscés en Chine.
Comme dans tout premier opus d'une saga, Tsui Hark a la lourde tâche de présenter les personnages et de mettre en place le contexte de l'histoire, ce qu'il fait ici à merveille. Centré autour de Wong Fei-Hong, docteur et maître de kung-fu, les personnages sont assez vite rendus intéressants notamment grâce à une remarquable mise en scène et, dans le même temps, Tsui Hark retranscrit avec grand brio le contexte et l'ère du changement qui sévit en Chine ainsi que l'influence occidentale que ce pays subit, devant faire face aux grandes puissances coloniales européennes et américaines. Bien que fort intéressant là aussi, ce contexte politique reste plus en arrière plan, Tsui Hark préférant braquer sa caméra sur les protagonistes ainsi que l'aventure, et c'est tant mieux.
Passé les présentations et, à l'image d'un de ses précédents films Peking Opera Blues, Tsui Hark nous offre un savoureux cocktail explosif de différents genres, allant de la fresque historique au kung-fu en passant par la comédie et la romance. Le film est d'une richesse extraordinaire tandis qu'il jongle bien entre les divers genres sans en sacrifier, idem pour les personnages. Il nous immerge littéralement dans cette Chine de la fin du XIXème siècle grâce notamment à une excellente reconstitution (décors, costumes...), sublimée par une partition de qualité, tandis que Jet Li est remarquable, capable de passer d'une émotion à une autre et sachant être aussi calme que vif et ferme.
Le rythme est très soutenu, Tsui Hark orchestre son récit avec brio et ne nous laisse guère de répit. Bien que le film soit assez long, les scènes de combat sont finalement peu présentes et c'est par la qualité des dialogues et des joutes verbales entre les différents personnages qu'il maintient l'attention. Si elles sont certes peu nombreuses, elles sont en tout point remarquables et excellentes, souvent aériennes et spectaculaires, à l'exact opposé du personnage de Wong qui lui est plus calme. Très bien orchestré et chorégraphié, elles arrivent toujours au bon moment et sont souvent de véritables morceaux épiques. La maîtrise de Tsui Hark derrière la caméra se fait ressentir, en plus des combats, aucun cadre n'est laissé au hasard et plusieurs scènes sont marquantes, à l'image de celle des ombres chinoises.
Fresque historique dense et riche, Il était une fois en Chine pose les bases de cette saga autour de la vie de Wong Fei-Hong de la plus belle des manières. Maîtrisé de bout en bout par Tsui Hark, il ne laisse rien au hasard et orchestre un véritable cocktail explosif et savoureux, capable de nous faire passer par tout un panel d'émotions et de genres différents.